8 mars : Vite, un féminisme municipal

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Officialisée par les Nations Unies en 1977, la « Journée Internationale de lutte pour les droits des femmes » est célébrée chaque année le 8 mars. L’occasion pour nous de donner la parole à Romain Jammes, co créateur du blog féministe l’art et la manière, qui profite du début de la campagne des élections municipales pour encourager des politiques publiques volontaristes afin d’améliorer les conditions de vie des femmes.

 

« En tant que féministe, on l’attend tous les ans ce 8 mars. On l’attend avec impatience car ce jour, une attention particulière est portée à la condition des femmes dans notre société. Une attention qui devrait être celle de tous les jours dans un pays qui se revendique égalitaire. On l’attend avec appréhension aussi car c’est souvent l’occasion de discours réducteurs et misogynes. La simple appellation « journée de la femme » dénote d’un certain mépris à ce qui est en réalité la « journée internationale de lutte pour les droits des femmes ».

La révolution inachevée du féminisme

Ce 8 mars est un rappel de ce que les femmes ont dû arracher à la société patriarcale. Le droit d’être citoyennes, le droit de travailler, celui d’être indépendantes et libres, le droit même de ne pas être frappées ou violées par son conjoint ou encore de disposer de son corps.

Seulement le compte n’y est pas. La société organise toujours la domination masculine dans tous ses compartiments. Les inégalités salariales et les discriminations à l’embauche nous le rappellent. Les 75 000 viols par an en France sonnent comme une révolution inachevée et la compassion des tribunaux pour les auteurs des crimes comme une justice à deux vitesses. Le sexisme ordinaire rappelle au quotidien aux femmes qu’elles doivent rester à leur place. Il se répand dans la culture dominante qui pornographie leur image ou les réduit constamment à leur capacité à enfanter. Pour un oui ou pour un non, il leur jette leur utérus à la gueule en justifiant toutes les discriminations jusqu’à la banalisation de la prostitution synonyme de traite et de proxénétisme.

 

Pour un féminisme municipal

Il y a du chemin à parcourir donc. Des luttes quotidiennes à mener avec les associations féministes mais aussi des politiques publiques à toutes les échelles pour améliorer les conditions de vie des femmes. À un an des municipales, l’enjeu est de taille, notamment dans une ville comme Toulouse qui abrite un mouvement féministe important.

Des mesures immédiates peuvent être prises par la future municipalité. L’ouverture de plus de logements d’urgence pour les femmes victimes de violences familiales mais également de logements d’éloignements plus définitifs en collaboration avec les autres villes du département. La ville doit travailler avec les associations sur la question de la prostitution en permettant à toutes celles qui veulent sortir de ce milieu de disposer des aides pour le logement, la formation, l’insertion professionnelle. Les subventions des mairies et les marchés publics doivent intégrer des critères importants en terme d’égalité professionnelle et de parité des directions.

Plus généralement, un grand chantier d’éducation populaire doit être mis en place. Il doit concerner l’ensemble du personnel mais aussi les habitants à travers les conseils de quartiers, et des événements d’ampleur. Le service public de la petite enfance doit être encore développé, avec davantage de parité dans le recrutement, pour casser les représentations de genre. De même, la répartition des délégations doit cesser de coller aux stéréotypes de genre : le budget et le développement économique aux hommes, la petite enfance et l’éducation aux femmes,…

La liste est longue car le chantier n’est pas une mince affaire. Mais une chose est évidente. La future équipe municipale ne pourra pas considérer la vie de 50% des habitants comme secondaire.

 

Tribune signée par Romain Jammes, co créateur du blog féministe l’art et la manière.