Toulouse: des résidus d’aluminium dans l’eau de vos robinets

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Créée en 2001 pour s’opposer au contrat liant la ville de Toulouse à la Compagnie Générale des Eaux Véolia, l’association « Eau secours 31 » garde depuis un œil toujours aussi attentif sur les questions de qualité de l’eau. Le collectif a examiné le « rapport de la CUTM sur le prix et la qualité de l’eau », dont certaines conclusions s’avèrent troublantes. Depuis, il réclame en vain un audit sur l’assainissement de Toulouse. Il souhaite également un retour à une régie publique à l’horizon 2015 pour gérer et contrôler l’eau de la ville.

 

Premier point d’inquiétude pour le collectif, ce que contient réellement l’eau du robinet. A Toulouse, la floculation (traitement d’épuration des liquides) se fait au sel d’aluminium. A contrario d’une ville comme Paris, qui opère son assainissement avec du sel de fer. Problème, l’aluminium est une matière neurotoxique. L’eau de la Ville rose reste certes potable, puisque comprise dans les taux admis. « Ces normes sont tout de même relativement élevées » s’inquiète Anne Bouzinac, membre de l’association. « Le traitement au sel de fer tel qu’il est mis en oeuvre dans la capitale rend l’eau plus trouble, bien que cela soit invisible à l’œil nu. Nous préfèrerions une eau plus turbide, moins esthétique, mais qui soit plus saine ». Seconde source d’interrogation, la date du retour à la Régie publique de gestion de l’eau. « Les marchés de prestation se faisaient avec le syndicat SDEA » explique Lucien Sanchez. « Ce service départemental a été transformé en syndicat mixte, le SMEA, qui n’a pas continué à servir ces prestations aux communes. Du coup, la plupart ont été remportés par des organismes privés » poursuit-il. « Beaucoup de contrats sont frappés de caducités. Certains s’achèvent en 2015, comme à Blagnac où il n’y aurait aucune raison de ne pas repasser en régie publique dans trois ans ». Un retour qui signifierait, en moyenne, une baisse de 30% des prix sur la facture des usagers.

 

Manque de transparence

Au vu des résultats communiqués par la CCSPL du 6 décembre, Eau Secours 31 veut creuser certaines zones d’ombre. C’est pourquoi elle a depuis effectué de nombreuses demandes pour obtenir un audit sur l’assainissement de Toulouse. Sans réponse, pour le moment. Le collectif dénonce également un « déficit de transparence et de démocratie » concernant le traitement des déchets. Celui-ci, officiellement géré par la Communauté Urbaine Toulouse Métropole (CUTM), a en fait été délégué à un syndicat extérieur. Ce dernier aurait lui-même délégué ses missions d’incinérations à de puissantes compagnies. La conséquence directe est l’absence d’information auprès des citoyens. Légalement obligatoire, la commission CCSPL censée rendre compte de la qualité du traitement des déchets n’existe pourtant pas. « De plus, il n’y pas non plus de commission de contrôle financier. A Toulouse, elle existe uniquement pour ce qui concerne l’eau. Nous demandons que cette commission s’étoffe et s’occupe de toutes les délégations » martèle Anne Bouzinac. L’association disposerait en outre d’autres informations beaucoup plus alarmantes sur les questions tarifaires liées à l’eau. Par souci de vérifications et de sécurité, elles sont pour l’instant tues. La priorité du collectif reste le retour en régie publique. Pour Lucien Sanchez, ce thème pourrait bien s’inviter dans le débat politique local. « L’assainissement de l’eau sera un sujet majeur aux prochaines élections municipales. Nous interviendrons du maximum que nous le pourrons lors de ces échéances ».

 

Christophe Guerra