LGV : Toulouse à 3h05 de Paris à l’horizon 2022

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La ligne LGV reliant Tours, Bordeaux et Toulouse est plus que jamais en bonne voie. Le doute sur sa mise en rail, instillé par certaines déclarations ministérielles, est quasiment estompé. Hier, le président d’Eurosud Transport Jean-Louis Chauzy a détaillé les dates, les financements et les rôles de chaque acteur pour développer le projet. Dans dix ans, toulousains et bordelais pourront se croiser à la vitesse de l’éclair. Une ligne Toulouse-Narbonne devrait suivre.

 

« La mobilisation ne doit pas faiblir jusqu’ à ce que le train arrive en gare Matabiau » prévient Jean-Louis Chauzy, malgré l’enthousiasme. « Jusqu’à la dernière minute, il ne faut pas lâcher la pression » relaie Didier Cardinal, président de la Chambre de Commerce et de l’Industrie (CCI) Midi-Pyrénées. Il faut dire qu’entre les réserves récemment émises par le Ministre délégué aux transports et l’imbroglio des financements par les différentes collectivités, la prudence reste de mise. Mais dans le dossier, tout est réglé comme du papier à musique. Le tracé définitif de la ligne sera établi en 2013 et déclaré d’utilité publique un an plus tard. Les travaux dureront cinq années, entre 2017 et 2022. Dans dix ans, les toulousains pourront filer en Gironde à 360km/h, depuis le quai Matabiau. Le coût de cette seule liaison entre les deux villes est estimé à 4,3 milliards d’euros, dont le quart est assumé par les collectivités de Midi-Pyrénées. Sur le podium des financeurs, on trouve le Conseil régional (423,1 millions), le Conseil général (315,4 millions) et la Communauté urbaine du Grand Toulouse (233,8 millions). Conseils généraux, communautés d’agglomération et de communes joignent également la main au portefeuille. « Les deux bouts de la Garonne, qui se sont parfois regardés en chiens de faïence, ont su faire la paix des braves quand il le fallait » analyse en bon poète Jean-Louis Chauzy. Vraisemblablement, le péplum ferroviaire est sur de très bons rails.

 

« Construire les richesses de demain »

L’ambition de la ville, notamment en matière de transports, n’a jamais été autant décriée que ces dernières années. Mais Toulouse voit loin, à défaut de se projeter vite. C’est en tout cas l’idée directrice de Didier Cardinal, pour qui miser sur une décennie d’efforts n’a rien de farfelu. « En période de crise, les chefs d’entreprise doivent faire des choix. La priorité est d’être prêt pour les challenges de demain. Si nous arrêtons tout, nous nous réservons un avenir encore plus noir ». Pour les instigateurs de la nouvelle ligne LGV, faire machine arrière n’est plus envisageable. « Aujourd’hui, il nous faut en France entretenir le patrimoine et développer de grands projets structurants. Toulouse ne peut pas rester dans sa cuvette » maintient Bruno Cavagné, président de la Fédération Régionale des Travaux Publics (FRTP) Midi-Pyrénées. Selon lui, il ne s’agit pas simplement d’une avancée logistique, mais d’ouvrir un horizon productif global. « Cette ligne aura aussi de fortes répercussions en terme d’emplois. Pour un million d’euros de travaux, ce sont huit postes qui se débloquent. La LGV coûte quatre milliards, faîtes le calcul. Ce projet permettra de construire les richesses de demain ». Mais garde toutefois au carapatage dans la dernière ligne droite. En cas d’échec, Toulouse pourrait bien siéger durablement dans le dernier wagon.

 

Christophe Guerra