Fête de la musique : Rencontre avec la DJ Celine Modiin, qui va faire bouger la place du Capitole

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La jeune DJ toulousaine Céline Modiin fera la clôture de la fête de la musique, samedi, place du capitole. Entretien avec cette autodidacte au parcours atypique qui va faire danser le centre-ville de Toulouse sur du deep, de la house, et de la techno.

 

Toulouse Infos : Quand et pourquoi as-tu commencé à mixer ?

Celine Modiin : Depuis mes 16 ans, j’ai toujours été attirée par les vinyles. Mes premières platines ont été une révélation. Ayant l’oreille musicale après 10 ans de cours de piano, j’ai appris toute seule. J’ai commencé le mix en Espagne en 1994 où très peu de filles étaient dans ce milieu à l’époque. C’est à Madrid que j’ai connu les plus gros DJ, c’est aussi là-bas que j’ai eu les premières opportunités de mixer. Après cette période en Espagne, j’ai fait un break pour monter un magasin de vêtements et je me suis remise au mix seulement en 2010.

T.I : Comment vous êtes-vous fait connaître sur la scène toulousaine ?

C.M : A Toulouse, les gens savaient que je mixais. J’ai fait quelques soirées dans lesquelles je jouais sur de la techno avec des amis, c’était à l’époque des premières raves party. Nous étions très peu et je faisais beaucoup de soirées, donc le réseau s’est fait très vite. Il y a quatre ans, l’Envol m’a demandé de jouer pour la fête de la musique, c’est grâce à eux que je me suis remise derrière les platines. La soirée a été incroyable, d’autant plus qu’ayant arrêté pendant un long moment, j’ai découvert le mix sur format CD et non plus sur vinyles, ce qui est beaucoup plus pratique.

T.I : Y a-t-il eu un changement musical radical entre vos premiers mix et aujourd’hui ?

C.M : Je reste toujours sur du style deep, house, techno, mais ma vision d’aujourd’hui est beaucoup plus large étant données que je mixe dans des endroits variés. Évidemment, les techniques ont évolué, les ordinateurs se sont rajoutés, mais la musique d’époque est aujourd’hui beaucoup reprise par les DJ’s underground. Les vieilles musiques sont des valeurs sûres, il y a toujours un lien avec ce passé. Le fait d’avoir connu ces deux périodes donne une richesse de culture musicale qui fait la force d’une programmation confirmée.

T.I : Quelles sont vos influences ?

C.M : Dans les Français je vais dire Laurent Garnier, une grande star au niveau du mix puisqu’il est capable de jouer de tout, de mélanger beaucoup de styles, ce que j’essaie de faire. La scène détroit techno américaine est aussi importante : Jeff Mills, le label UR, les vieilles tendances toujours d’actualités. Pour ce qui est des labels actuels, le label Dynamic, le label suisse Cadenza. La deep allemande me plaît aussi beaucoup. Une émission de radio espagnole me consacre une heure par semaine alors je suis constamment en recherche de nouveautés, ce qui élargit mon style musical. Je fonctionne par coup de cœur.

T.I : Le clubbing à Toulouse ça donne quoi ?

C.M : Il y a souvent des soirées événementielles à l’Opium ou dans les boites mais cela dépend toujours du DJ qu’ils font venir, il n’y a pas de lieu précis pour ce genre de musique. Même si l’univers ne fait pas tout, Toulouse manque d’endroits pour ce genre de soirées. Si je pense événements électro à Toulouse, je pense à la Candyhouse qui fait des soirées décalées et il y a aussi l’Inox. Ce n’est pas comme à Paris où il y a énormément de lieux, Toulouse est différente. Il n’est pas possible de faire trop faire de bruits en centre-ville et les bars ferment à 3h, cela contribue à restreindre ce type d’événements.

T.I : Vous jouez souvent sur la scène toulousaine ?

C.M : Oui, très souvent. Samedi soir, la mairie m’attend  de minuit à une heure place du capitole pour clôturer la fête de la musique sur la grande scène, c’est un honneur puisque, à part pour la gay pride, je n’ai jamais joué sur la place du capitole. La semaine prochaine, je fais l’opening des fabuleuses croisières sur la péniche samsara et une soirée champagne au grand zinc pour le closing de la saison.

T.I :Qu’est-ce que cela représente de jouer pour la fête de la musique à Toulouse ?

C.M : C’est symbolique et c’est un honneur. La mairie a voulu féminiser le plateau et ils ont de suite fait appel à moi car sur Toulouse, nous ne sommes pas nombreuses à pouvoir répondre à cette demande. J’ai eu énormément de retour très positif et d’encouragement pour cette soirée. Il paraît qu’ils attendent 18 000 personnes, ça ne rigole pas !

 

Propos recueillis par Maud Calves