Municipales. Cohen vs Moudenc : le combat se durcit

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Ce mercredi, l’intensité du duel entre le Maire sortant et son challenger est montée d’un cran. Envoyé dans les cordes par Jean-Luc Moudenc en fin de matinée, Pierre Cohen a réagi du tac au tac estimant que son adversaire perdait son sang-froid. Retour sur cette passe d’armes par médias interposés.

 

Il était un peu plus de 11h, ce mercredi, quand Jean-Luc Moudenc est arrivé souriant au restaurant Le Van Gogh où il avait convié la presse. Il faut dire que le nombre de journalistes présents témoignait du changement de dimension qu’a entrainé son score du premier tour. Arrivé en tête avec 38,20% des suffrages, l’ancien Maire de Toulouse fait de suite remarquer que « deux Toulousains sur trois refusent la gestion inefficace, autocratique et sans vision de la majorité sortante ». « Ce score, qui intervient après 9 sondages qui annonçaient la victoire du Maire sortant, est une cure de désintoxication » pour l’électorat centriste et modéré qui « s’est fortement mobilisé ». Les constats étant posés, les attaques pouvaient commencer.

Après avoir fustigé le « bal des hypocrites » auquel s’est livré son adversaire en fusionnant sa liste avec celle des Verts, le candidat, qui oublie en avoir fait de même avec le MoDem il y a 6 ans, s’inquiète de la « mauvaise image de la vie politique » que renvoie ce « tripatouillage politique ». « Les Toulousains sont lucides par rapport à cette comédie », lance Jean-Luc Moudenc qui s’attaque ensuite aux « réserves de voix de gauche ».

« Au soir du premier tour, mon adversaire annonçait un rapport de force de 52%-48% au second tour, mais en réalité, seul les Verts ont fusionné. Les cinq autres listes de gauche n’ont pas donné de consignes de vote », fait remarquer le candidat pour qui « Pierre Cohen a échoué à rassembler la gauche ». Enfin, Jean-Luc Moudenc, qui fait de son adversaire « le candidat gouvernemental », s’attaque à un tract de Pierre Cohen qui annonce des « augmentations d’impôts, de la dette et des tarifs de stationnement » en cas d’élection de l’ancien Maire de Toulouse. « Pierre Cohen perd les pédales et s’affole », rétorque le candidat de la droite et du centre qui regrette « le tissu de mensonges et la campagne de caniveau » de son adversaire. « Ce tract est un manque de respect grave vis-vis des électeurs », termine Jean-Luc Moudenc.

 

« Au second tour, on élit le Maire »

Quelques heures seulement après la conférence de presse offensive de son adversaire, c’est un Pierre Cohen moins serein qu’à son habitude, mais déterminé, droit dans ses bottes, et centré sur son projet qui a tenu à « dénoncer l’imposture » de son adversaire qui « n’est pas capable de mener à bien son programme sans mettre la Communauté urbaine à genoux ». « Nous avons réalisé un devis pour permettre aux électeurs de comprendre », lance le Maire sortant qui s’appuie « sur un chiffrage indépendant réalisé par l’institut Montaigne et Les Echos ». Et selon ce « devis », la seconde rocade coûterait 4,2 milliards, la 3ème ligne de métro 1,6 milliards, l’Auditorium 150 millions et les 200 caméras 18 millions. « Un total de 6 milliards de promesses intenables sans augmenter les impôts ou la dette de Toulouse », explique le Maire sortant.

L’« imposture » soulevée, c’est sur les projets que Pierre Cohen a décidé de faire la différence. « Nous avons deux visions différentes de Toulouse. Mon adversaire n’a pas de projet urbain pour les 20 prochaines années », explique Pierre Cohen qui n’est pas « contre une troisième ligne de métro ». « Cette ligne est une erreur aujourd’hui, car il y a urgence, notamment en matière de santé publique, de rééquilibrer tous les modes de transports en commun pour limiter la place de la voiture en ville. Une ligne de métro ferait perdre 15 ans et entraînerait des décisions comme celles prises à Paris lors des pics de pollution », s’inquiète Pierre Cohen.

Enfin, concernant le vague bleu qui a déferlé sur l’agglomération, le candidat socialiste ne l’explique pas par « une augmentation des électeurs de droite, mais par une forte abstention de ceux de gauche ». « Ces électeurs ont voulu donner un signal fort au gouvernement lors du premier tour, mais au second, c’est leur Maire qu’ils élisent », lance Pierre Cohen qui attend un geste de la part des autres listes de gauche qui n’ont pas donné de consignes de vote.

 

Guillaume Truilhé