L’asexualité est elle une maladie ou une tendance sexuelle ?

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Début juin, l’association pour la visibilité de l’asexualité (AVA), lancée en 2010 puis reprise en 2012, a organisé pour la première fois une « journée de l’asexualité ». Bien loin du tabou et du sentiment de honte, l’occasion, unique, a été, pour ces personnes, de faire entendre leur voix.

 

L’asexualité fait partie de la diversité des tendances sexuelles humaines. C’est en ces termes que l’AVA formule son leitmotiv sur un thème trop souvent tu. C’est pourquoi, l’association a trouvé nécessaire de rendre la parole aux asexuels et de créer une journée consacrée à cette question, peu connue. Pas d’évènements en particulier mais simplement des clins d’œil : l’action peut prendre plusieurs formes comme des statuts Facebook, des posts sur un blog ou une discussion sur le sujet avec des amis. Pour Lilly, asexuelle de 26 ans, l’asexualité suscite toujours la même question. « Quand vous dites à quelqu’un : je suis asexuel, la première chose qu’il vous dit en principe c’est « qu’est-ce-que c’est que ça ? ». Elle ajoute : « Ce n’est déjà pas évident de faire son coming-out alors quand en plus il faut tout expliquer ça corse carrément les choses ». Pour la définition, Olivier, 24 ans, apporte son éclairage personnel. « Il est difficile de donner une définition exhaustive de l’asexualité, il y a à peu près autant de manières de vivre son asexualité qu’il y a d’asexuel. Pour moi cela veut dire que l’on ne ressent pas d’attirance sexuelle pour les autres, que l’on ne ressent pas cette pulsion au fond de notre être, ce « truc » qui soit disant gouverne le monde ».

 

Des avis partagés

« Certaines personnes sont asexuelles. Remettez-vous en » clame l’AVA. « En effet, un des objectifs de cette dernière est de faire comprendre que l’asexualité n’est pas une anomalie ou encore une maladie à soigner. C’est une orientation sexuelle comme l’hétérosexualité ou l’homosexualité. La sexologue  Dominiqe Letulle qui consulte en plein cœur de Toulouse propose de prendre des précautions pour aborder  la question. « Beaucoup de patients, lorsqu’ils rencontrent des problèmes de sexualité, ont tendance à se cacher derrière l’image, réconfortante de l’asexualité ». Ainsi, là où Lilly assure qu’il y a « plein d’asexuel qui ne savent pas qu’ils sont asexuel et qui sont persuadés d’avoir un problème ou un blocage psychologique », la sexologue inverse le raisonnement. « Très peu de patients s’avèrent finalement asexuels ». Et d’argumenter : « il est plus facile de dire qu’il s’agit d’une absence de désir intrinsèque et donc d’asexualité plutôt que d’avouer qu’il y a autre chose qui impliquerait de faire des efforts pour comprendre les blocages et travailler pour les faire disparaître. »

 

Article de Nadia Hamdani