Pôle Emploi : « un mal-être profond qui va au-delà des statistiques »

1253

Les chiffres du chômage du mois de février vont tomber dans la journée. Des statistiques qui vont atteindre un pic historique. Autant que désormais, les Toulousains portent un regard accusateur sur le Pôle Emploi. Alors, entre espoir et résignation, retour sur l’état d’esprit de quelques demandeurs d’emplois de la ville rose.

 

10,2%. C’est la proportion de personnes à la recherche d’un emploi. Pire. L’Insee précise qu’avec l’Outre-Mer, ce taux atteint les 10,6%. (Chiffres de Janvier qui devraient augmenter en Février) Autant dire que la situation est catastrophique. Et tous les regards se tournent désormais vers le Pôle Emploi. « Chaque fois que je franchis ces portes, j’espère en ressortir avec un issue professionnelle » explique Benjamin, un Toulousain de 35 ans. En effet, à la recherche d’un emploi depuis plus de deux ans maintenant, Benjamin n’a toujours pas perdu espoir. « Même si les chiffres du chômage sont mauvais, je reste optimiste concernant ma situation personnelle ». Cependant, ce toulousain reste une exception. « Je ne compte vraiment pas sur le Pôle Emploi pour mon insertion dans le monde du travail » ironise Savannah, qui se rend régulièrement au Pôle Emploi pour en consulter les annonces. D’ailleurs, les Toulousains à la recherche d’un emploi se questionnent. A l’instar de Savannah, beaucoup restent sceptiques. « Certes j’effectue mes démarches au Pôle Emploi, mais je ne me fais pas d’illusion, cette structure a montré à maintes reprises ses limites » confie Soumaya, jeune diplômée.

 

Des méthodes inefficaces

Thomas Domenech de la CGT Pôle Emploi explique. « Si le Pôle Emploi manque d’efficacité, c’est effectivement par manque de moyens ». Pourtant, cette raison n’est pas la seule. « On pratique une gestion par portefeuille plutôt qu’une gestion par flux. Or, cela nous permettrait de nous occuper au plus vite des demandeurs d’emplois et de répondre à leurs attentes rapidement ». Ce dernier souligne la nécessité de replacer « le demandeur d’emploi dans sa globalité en prenant en compte sa situation personnelle, géographique, sociale et sa qualification ». Il termine en montrant l’importance des agences de proximité. « Envoyer les demandeurs d’emploi sur de grosses plateformes qui proposent des prestations de services spécialisés n’est pas une chose judicieuse. Il faut rétablir un réel suivi et un accompagnement personnalisé. »

 

L’immolation, un acte compréhensible ?

« C’est dramatique d’en arriver à ces extrémités » déclare Benjamin. « S’immoler n’est pas la solution ». Un geste qui peut sembler insensé pour certains mais qui peut trouver une explication pour d’autres. « Je peux comprendre la détresse de ces chômeurs » admet Savannah. « Si on en arrive à ce genre d’acte désespéré, c’est qu’il faut voir un mal-être profond qui va au-delà de simples statistiques ». Savannah finit par des prévisions plus qu’alarmantes. « Il ne faut pas y voir des cas isolés mais plutôt le reflet d’un malaise vécu par les millions de Français au chômage. »

 

Article de Nadia Hamdani