Détention carcérale : le barreau de Toulouse dénonce une situation préoccupante

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Centre de rétention de Cornebarrieu. Photo / CTIJeudi 30 juin 2011 se tenait à la cour d’appel de Toulouse la 10èmejournée nationale de « sensibilisation sur la situation de tous les lieux de privation de liberté ». L’occasion d’alerter les citoyens sur les conditions inquiétantes d’incarcération en France.


Les prisons françaises font face à une surpopulation carcérale (119 sur 240 établissements ont une densité supérieure à 100%) engendrant promiscuité et violences, ainsi que près de 120 tentatives de suicide par an. La difficulté de l’accès aux soins, notamment psychiatriques, créent des conséquences dramatiques pour les détenus. Un constat sombre dénoncé par nombre d’avocats, remettant en cause les politiques de réinsertion pratiquées dans les centres de détention comme celui de Muret près de Toulouse. Maitre Alexandre Martin déplore cette situation engendrée selon lui par « un défaut de moyens mais aussi de culture de la conception de la prison ». Une logique sécuritaire qui met à mal la dignité humaine et a fait condamner la France à plusieurs reprises par la Cour européenne des droits de l’homme.

 

Le cas critique des ressortissants étrangers

L’avocat au barreau de Toulouse Jean-Baptiste de Boyer Montegut a mis l’accent sur la dégradation des droits des étrangers sur notre territoire depuis les lois Besson de 2002. Selon lui, la logique sécuritaire du système pénitencier français promulgue « trop de peines d’interdiction de territoire, privant le ressortissant de l’accès au juge ». Les centres de rétention administrative provoquent quant à eux « une banalisation de l’enferment », plaçant en détention des populations vulnérables telles que les femmes enceintes, les enfants ou les personnes malades. Cette politique du chiffre a fini par entrainer « un sacrifice de l’examen particulier des ressortissants étrangers en France ».

Face à ce constat alarmant une prise de conscience semble nécessaire, afin de faire respecter la dignité humaine dans tous les lieux de privation de liberté.

Didier Marinesque