Un film d’animation toulousain nominé pour le Cartoon d’Or 2013

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« Lettres de femmes » d’Augusto Zanovello, coproduit par la société toulousaine Xbo Films et fabriqué dans les studios de la Ménagerie à Tournefeuille, est qualifié pour le Cartoon d’or du meilleur court métrage d’animation européen. Le prix sera remis lors du Cartoon Forum à Toulouse du 17 au 20 septembre. Entretien avec le réalisateur Augusto Zanovello.

 

Toulouse Infos : Comment vous est venue l’idée de tourner un court-métrage d’animation ?

Augusto Zanovello : Depuis les beaux arts, je m’intéresse au volume animé, la matière en mouvement, les objets dotés d’un esprit, d’un passé… La chose remonte à loin. Vous savez, en tant que brésilien, j’ai été confronté à l’héritage africaine des divinités. Quand j’étais petit, cela me terrorisait. J’étais mort de peur en pensant que l’un des différents orishas pouvait me posséder et se servir de mon corps comme d’une marionnette. Puis aux beaux arts, la peur s’est transformée en obsession. « Lettres de femmes » est né de la rencontre avec le sculpteur Arnaud Béchet. Son univers en carton est excellent. Parmi ses différents travaux, un poilu d’un mètre de hauteur a attiré mon attention. C’était un soldat assis, moitié homme-moitié boue, qui rêvassait penché sur son fusil. Incroyable! Ça m’a donné la chair de poule de mon enfance. Et là, je lui ai parlé des joies de l’animation image par image puis le film s’est fait.

T.I. : Pourquoi « Lettres de femmes » ? Qu’est ce qui vous a inspiré pour  créer cette animation ?

AZ : Le support trouvé, il manquait encore l’âme. Ca m’a pris du temps pour trouver quelque chose de solide, où la forme rejoint le fond. Puis, un jour, j’ai pensé à ces lettres (de femmes), adressées aux poilus et faisant office de pansements. J’étais tout content de la trouvaille. Je me suis dit: « Non d’un poilu, là je tiens quelque chose! ». J’ai commencé à y travailler, et avec Arnaud, on a composé un dossier pour le centre national de la cinématographie (CNC).

T.I. : Comment avez-vous trouvé les financements ?

AZ : La commission d’aide à la réalisation du CNC n’a pas vraiment répondu négativement, mais elle m’a demandé de retravailler le scénario. Suite à cela, j’ai retravaillé l’histoire au gré des rencontres (Olivier Dehors, Gilbert Hus, Jean-Charles). Le pilote s’est produit et un regard nouveau a permis au projet d’évoluer. Puis avec l’aide du CNC et de la région Rhône-Alpes, les choses se sont accélérées. On a fait la rencontre du co-producteur Luc Camilli (XBO-La ménagerie) chez qui on a tourné à Toulouse. Il a obtenu également une aide de la région Midi-Pyrénées.

T.I. : Parlez nous du court-métrage. Dans quelles conditions a-t-il été tourné ? Est-ce semblable à un long métrage ?

AZ : On a construit les décors, les marionnettes et les accessoires près de deux mois dans l’atelier de la ménagerie. Avec Arnaud, on avait des idées relativement précises, mais pas de solution à tout. Alors l’équipe de la ménagerie nous a apporté un vrai savoir faire du stop-motion. On avait quatre plateaux de tournage qui tournaient simultanément, avec un chef-op, électro et décorateurs qui passaient de l’un à l’autre pour préparer les plans suivants. Ça a été un peu le marathon mais on ne s’en est pas trop mal sorti. Il faut voir que ça a été un vrai travail d’équipe. On avait aussi une « motion control » pour les mouvements de camera, installée entre deux plateaux, comme ça, dépendant des plans, on la basculait d’un côté ou de l’autre. Puis on a quasiment tout tourné sur fond vert pour les incrustes que l’on a fait avec une équipe réduite à Paris.

T.I. : Quelles ont été les réactions de l’équipe du film face à la nomination ?

AZ : « Y’a d’la joie et du soleil dans les ruelles
Y’a d’la joie, partout y’a d’la joie! »

Je chante horriblement mal, mais le cœur y est.

T.I. : Quels sont les projets futurs ?

AZ : Je viens de commencer la saison 2 de Peter Pan chez Méthod films pour FR3. A côté de ça, j’ai un projet d’un spécial TV en stop-motion dont je viens d’avoir l’aide au concept au CNC; puis je commence l’écriture d’un long métrage que se passerai aux marges de la première guerre, oui encore, et qui reprendrai la même technique que Lettres de femmes. Une obsession, ça s’entretient!

 

Propos recueillis par Alexandre Blenzar