« Il manque 170 places d’hébergement d’urgence à Toulouse »

294

Mercredi, le Collectif Inter-Associations de Toulouse a présenté le bulletin scolaire de l’hébergement des sans-abris en Midi-Pyrénées. Des chiffres accablants pour la région, reléguée en seconde zone et déjà contrainte à la débrouille depuis plusieurs années. Excédés par un costume de mauvais élève qui lui colle à la peau, Midi-Pyrénées et ses travailleurs sociaux réclament des places et des moyens supplémentaires. Tour d’horizon d’une situation qui se dégrade à petit feu.

 

La crise du travail social à Toulouse n’a jamais été un secret. Pour ne prendre que l’année qui s’achève, les démantèlements des centres sociaux autogérés du Crea ou les grèves des travailleurs du 115 ont été des marqueurs forts. Mais la divulgation des statistiques officielles font peut-être encore plus froid dans le dos. En Midi-Pyrénées, on estime de cent à cent-vingt le nombre de sans domicile fixe contraints chaque soir à dormir dans la rue faute de places. Seulement 15% des SDF qui s’adressent au 115 obtiennent leur lit de fortune, soit moitié moins que le taux national. Dans la région, quarante logements sociaux existent pour mille habitants adultes contre 70 en moyenne sur l’ensemble du territoire. Sur Toulouse, 440 places d’urgence sont disponibles alors que des villes comme Lyon ou Nantes en ont plus de mille. Ce n’est pas tout. Une dégringolade programmée accélérée par le mécanisme de « double peine » explicitée par Geneviève Genève du collectif Inter-Associations. « Nous avons moins de places ouvertes, donc automatiquement, moins de subventions » souffle-t-elle. Comme souvent, l’argent demeure le nerf de la guerre. Ici, la bataille s’annonce compliquée. La région Midi-Pyrénées n’a en effet reçu pour l’an prochain que 650 000 euros d’aides de l’Etat. Soit à peine plus d’un centième de la somme qu’il alloue à l’hexagone. Le coup de pouce est sélectif, les travailleurs locaux se sentent floués. Les voyants sont au rouge.

 

Du mieux, mais…

Les derniers tours de tables donnent néanmoins aux employés quelques raisons d’espérer. Cette année par exemple, le nombre de places hivernales mobilisables est de 180, contre 65 à la même période fin 2011. « Il en manquerait encore 170 » confie Geneviève Genève, qui apprécie tout de même la multiplication des interfaces de dialogue. « Nous saluons les séances de discussions mises en place par la préfecture. Pouvoir échanger ainsi avec le milieu associatif est une avancée encourageante ». Mais c’est encore et toujours la question budgétaire qui démange. « Nous faisons ce que nous pouvons localement, mais il faut impérativement que le Budget 2013 aille au-delà de ce qui a été annoncé. Sans moyens financiers, nous risquons de nous retrouver comme il y a trois ou quatre ans. C’est un choc de solidarité nationale qui doit être fait ».

 

Christophe Guerra