Collectes alimentaires: les associations toulousaines recherchent plus de bénévoles

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Dans la Ville rose, la solidarité envers les plus démunis demeure un combat de tous les instants. Déterminés, la Banque Alimentaire et les Restos du Coeur essaient d’encourager le maximum de dons et multiplient les opérations de collecte. Mais la crise et la suppression annoncée du Programme européen d’Aide aux plus Démunis (PEAD) est un coup dur pour ces associations bénévoles. A l’approche de la fin d’année, elles dressent un premier état des lieux de la situation et livrent leurs impressions sur la précarité locale.

 

Noël approche, le froid va suivre. A Toulouse, les besoins sont au minimum constants, si ce n’est en sensible augmentation. En 2011, les Restos du Coeur 31 avaient distribué pas moins de mille-cent tonnes de colis en Haute-Garonne. Ses confrères de la Banque Alimentaire toulousaine, qui la desserve avec deux autres départements, plus de deux-cent quarante tonnes. La demande sera-t-elle toujours aussi forte cette année? Les chiffres sont pour l’instant indisponibles, car incomplets. « Il est très difficile de tabler sur une tendance. La prudence est de mise. Mais vraisemblablement, il y aura une hausse des besoins cette année. En général, nous voyons plus de gens tomber dans la pauvreté qu’en sortir » regrette Gérard Mazzari, responsable des collectes alimentaires aux Restos du Coeur locaux. Chez la Banque Alimentaire, la tendance est plutôt à la stabilité, ce qui n’atténue pas les inquiétudes. « Ce n’est jamais satisfaisant. On espère toujours faire mieux. Il faut insister encore cette année » juge sa présidente Annie-France Looses. « C’est en fait le panel, la typologie des personnes qui s’est élargie. Bien sûr, nous venons en aide à des sans domicile fixe. Mais nous avons aussi des familles de classes moyennes qui demandent un appui, suite à une perte d’emploi ou une monoparentalité par exemple » explique la présidente. « Nous avons aussi vu arriver de plus en plus d’étudiants. Nous réfléchissons à créer des structures spécifiques à leur égard car ils n’osent pas forcément venir frapper à notre porte ».

Les moyens du bord

Cette précarité polymorphe qui augmente, réclame toujours plus de moyens humains. Sans surprise, ceux-ci restent insuffisants. « Nos travailleurs de rue, qui représentent environ un tiers de nos effectifs, sont aujourd’hui 257 à Toulouse. Nous sommes en demande, c’est très clair » confie Gérard Mazzari. « Nous essayons de recruter des bénévoles à chaque fois que nous le pouvons. Les collectes, les évènements comme le Loto des Restos du Coeurs sont autant d’occasions pour nous de sensibiliser les personnes ». A la Banque Alimentaire, la situation est encore plus complexe. « Soixante-dix bénévoles travaillent dans les centres. Nous distribuons des quantités de denrées beaucoup plus importantes qu’à Montpellier, alors que leurs effectifs sont plus de deux fois plus nombreux que les nôtres » déplore Annie-France Looses. « Deux responsables nous ont annoncé au moment de la grande collecte de novembre qu’ils arrêtaient, ce qui est compréhensible. Nous recherchons des postes, notamment dans le domaine de l’hygiène et pour le tri du sec ». Mais les difficultés sont aussi d’ordre économique. Auprès des deux associations toulousaines, la suppression des subventions européennes est un véritable coup de poignard. Près d’un quart de denrées en moins pour la Banque Alimentaire, une réduction de 23% d’aides alimentaires dans le stock des Restos du Coeur. Une morosité ambiante heureusement contrastée par la main toujours tendue des citoyens. « Les toulousains restent généreux » estime Annie-France Looses. « Nous l’avons constaté ces dernières années. Même si les revenus étaient restreints, les toulousains ont donné. Parfois, il ne s’agit d’un simple paquet de pâtes ou une brique de lait, mais le geste est là. Malgré la crise, l’esprit de solidarité reste ».

 

Christophe Guerra