Label fait maison : les restaurateurs toulousains sont sceptiques

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Publié au Journal Officiel dimanche, le label « fait maison » est entré en vigueur ce mardi 15 juillet. Désormais, le nouveau logo, une casserole avec un toit de maison posé dessus, sera présent sur les cartes et devantures des établissements de restauration. Une mesure qui ne fait pas l’unanimité chez les restaurateurs toulousains.

 

Ce dispositif prévoit de valoriser le savoir-faire des restaurateurs et donner aux consommateurs une assurance simple et fiable sur les produits. Le principe est de mettre en avant des plats entièrement « élaborés sur place à partir de produits bruts n’ayant subi aucune modification ». Les restaurateurs ne sont cependant pas tous convaincus par ce label. La définition d’un « produit brut » étant, selon eux, « trop floue et discutable ». En effet, un plat seulement assemblé par le cuisinier pourra bénéficier du label, sans préciser la provenance des produits. « Les restaurateurs peuvent faire ce qu’ils veulent, ça ne changera rien pour les producteurs », regrette l’agriculteur ariégeois Grégoire Talbot. D’après le Syndicat national des hôteliers, restaurateurs, cafetiers et traiteurs (Synhorcat), « un restaurant sur trois utilise des produits industriels aujourd’hui ».

 

Le fait-maison existe déjà

Pourtant, les rues de Toulouse sont pleines d’adresses où le « fait maison » est déjà en place. Pour Antoine, serveur au Bon Vivre, « il ne devrait pas y avoir besoin d’un tel label, même si c’est une bonne chose. Les restaurateurs ne devraient pas mentir ». Au Yard, ouvert depuis quelques mois, on retrouve des burgers à partir de viande française, de pains boulangers, et des frites maison. Benoit, le chef cuisinier, estime que « ce label n’apporte aucune plus-value au restaurant. Il faut faire confiance au consommateur qui est capable de reconnaitre des produits frais ou surgelés ». Quant au responsable de la Brasserie Le Capitoul, Jean-Roch Bournadet, il n’est pas mécontent. « N’importe qui peut ouvrir un restaurant. Ce label permettra peut-être de rendre leur place aux vrais professionnels qui utilisent de vrais produits, et éliminer les établissements qui proposent des repas à prix cassés ». M. Cheymon, propriétaire de la crêperie Galuchat depuis 15 ans, a toujours cuisiné maison, par éthique et conscience professionnelle. « Le client s’y retrouve, il y a une certaine reconnaissance quand je propose des plats de qualité avec de bons produits ».

 

Une mesure utile ?

Du côté des clients, certains, comme Marie, étudiante à l’Université Toulouse 1 Capitole, considèrent que « ce label est une bonne chose. Cela donne une indication supplémentaire ». D’autres sont plus sceptiques. Marc, expert comptable toulousain, estime que « tant que les industriels mettront autant de pression sur les restaurateurs, on trouvera des plats non faits maison ». Pour Eloïse, aide à domicile, le problème réside dans « la triche. Des restaurateurs pourront toujours utiliser des produits surgelés sans que le client soit au courant ». En effet, aucune sanction spécifique n’est prévue pour l’instant. Toutefois, en cas de contrôle, une utilisation frauduleuse de la mention « fait maison » s’apparentera à une pratique commerciale trompeuse, passible de sanctions pénales.

 

Article de Myriam Balavoine