Arrêté anti-prostitution : « un arrêté populiste et électoraliste qui va mettre en danger les prostituées »

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Signé lundi, l’arrêté municipal interdisant la prostitution dans cinq secteurs définis de Toulouse est entré en vigueur dès mardi. Les associations de défense des prostituées craignent déjà que celles-ci soient mises en danger par ce dispositif.

 

Les riverains réclamaient une mesure depuis quelques années. Jean-Luc Moudenc, maire de Toulouse, a signé cet arrêté anti-prostitution dans le but « d’assurer la tranquillité du grand public ». Mais ce dispositif, qui permet aux policiers de verbaliser les prostituées, est d’ores et déjà critiqué par les associations qui les défendent. « C’est un arrêté populiste et électoraliste qui va mettre en danger les prostitué(e)s » dénonce Marie Prin, secrétaire générale du Syndicat du travail sexuel (STRASS), et travailleuse du sexe à Toulouse.

Les associations toulousaines, notamment Grisélidis, s’inquiètent du risque de report du problème sur d’autres quartiers non-soumis à l’arrêté. Pour Sonia Gonzales, infirmière à Grisélidis dont la première mission est de lutter contre le sida, cette interdiction ne fera que « déplacer les zones de prostitution vers la périphérie de la ville, où la violence est plus grande ». Elle regrette particulièrement l’absence « d’actions de médiation entre riverains et prostituées afin de limiter les nuisances ».

 

Mise en danger

« Je risque 38 euros d’amende par jour en restant dans ce quartier, mais ce n’est rien comparé aux risques que je prendrais en me déplaçant » explique Annabelle*, travailleuse du sexe dans le quartier Matabiau. « Ici, les gens se connaissent, les filles veillent les unes sur les autres en quelque sorte », ajoute-t-elle, notant également le peu de policiers présents au lendemain de la signature de l’arrêté. Et la mise en danger ne s’arrêterait pas là. Pour Marie Prin, du Strass, l’arrêté poussera les prostituées à « accepter des clients qu’on n’aurait pas voulus au départ et pourrait diminuer nos revenus ».

Selon le Strass, qui appelle à manifester vendredi 11 juillet à 18H sur la place du Capitole, « entre 100 et 150 » personnes se prostitueraient dans les rues de Toulouse chaque jour. Grisélidis dit recevoir 600 travailleurs du sexe par an et s’inquiète « d’un suivi plus difficile et une complication des actions de préventions contre le sida notamment ». Plusieurs associations et syndicats envisagent également une procédure pour faire annuler cet arrêté devant le tribunal administratif.

 

Article de Myriam Balavoine

 

*le prénom a été changé par respect d’anonymat