Conseil municipal : Cohen et Moudenc d’accord… pour critiquer les « restrictions budgétaires du gouvernement »

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Après des mois d’accusations et de petites phrases, le débat sur la situation financière de la ville de Toulouse a bien eu lieu vendredi lors de la séance du Conseil municipal. A l’aide d’un audit financier réalisé par la nouvelle municipalité sur les six années de gestion de la précédente, majorité et opposition ont défendu leurs politiques, dans une ambiance tendue.

 

Il n’aura pas fallu attendre longtemps, ce vendredi, pour que la séance du Conseil municipal tourne à l’affrontement. Après des propos liminaires consacrés au futur débat sur la situation financière de la ville, le vice-président de Toulouse Métropole et conseiller municipal, François Chollet, met me feu aux poudres en reprochant à Pierre Cohen son « non intérêt » concernant le dossier du Commissariat à l’énergie atomique et la question de son lieu d’implantation. « Êtes-vous sûr d’aimer Toulouse, M. Cohen ? », il n’en fallait pas plus pour voir l’opposition se lever et exiger un droit de réponse, finalement accordé par Jean-Luc Moudenc. « J’ai porté ce projet, j’étais prêt à donner le terrain ! », assure l’ancien maire.

Après cet incident de séance, la présentation du compte administratif et du compte de gestion du budget de la ville de 2013 par Sacha Briand, adjoint au maire en charge des finances, a pu débuter. Une succession de chiffres et tableaux ayant pour finalité d’indiquer une dégradation de la santé financière de la ville et de mettre en cause la gestion de l’ancienne équipe : une croissance des dépenses plus élevée que celle des recettes. « L’épargne nette est passée de 58 millions d’euros en 2008 à 32 millions en 2013 et l’excédent d’investissement de 129 millions à 19 millions d’euros. La Ville a été dans l’obligation de contracter un emprunt en 2013. C’est un cercle vicieux », résume Sacha Briand.

 

La dette de Tisséo

Pierre Cohen défend sa politique : maintenir les investissements, notamment concernant les écoles, ne pas augmenter la pression fiscale, solder la dette de Tisséo par une participation de 15 millions par an de la mairie. « Vous n’avez pas trouvé Tisséo en situation de naufrage », répond Sacha Briand. « Son compte administratif de 2008 présentait un excédent d’investissement de 111 millions d’euros malgré son épargne déficitaire de 4 millions. Ce versement annuel de 15 millions a servi à améliorer son épargne, mais pas plus ».

L’ancien adjoint aux finances, Joël Carreiras, à son tour, rappelle l’obligation de reconstituer l’épargne de Tisséo après constatation de son déficit, rapport de la chambre régionale des comptes à l’appui. « Le trou, c’est vous ! », avait argué Pierre Cohen en début de séance à Jean-Luc Moudenc. Alors, à qui la faute ? Pour le maire actuel, c’est bien celle de son prédécesseur : « Le budget 2014 de Pierre Cohen est électoraliste et insincère ».

 

Faire face aux difficultés

Alors que la question de la baisse de l’épargne suscite de vives réactions, Jean-Luc Moudenc place sa reconstitution au cœur de sa nouvelle politique budgétaire. « L’épargne est une capacité à s’autofinancer, la recherche d’économies [dans le fonctionnement municipal et des services publics] est un devoir absolu ». Pour cela, des mesures ont d’ores et déjà été adoptées, à savoir la modification du régime indemnitaire et la suppression de la prime de transport de 37 €. Chacune devant engendrer rétrospectivement 1,40 million et 400 000 euros d’économies.

« Le gouvernement va trop loin dans ses restrictions budgétaires, le personnel municipal en fait aujourd’hui les frais », regrette l’ancien maire socialiste. Et si Jean-Luc Moudenc relève cette prise de position, « c’est la première fois que je vous entends désapprouver une orientation d’un gouvernement que vous soutenez », il n’en demeure pas moins relativement d’accord. « L’épargne est un amortisseur face aux difficultés qui peuvent arriver. Ces difficultés nous ont été annoncées par Manuel Valls, le 8 avril dernier : une baisse des dotations de l’état de l’ordre de 11 milliards d’euros pour les collectivités locales », déclare-t-il. Selon le maire actuel, le manque à gagner serait de 240 millions d’euros pour Toulouse et de 270 millions d’euros pour la communauté urbaine Toulouse Métropole. La question budgétaire est donc loin d’être réglée et des arbitrages budgétaires sont attendus ces prochains mois par la nouvelle municipalité.

 

Article de Myriam Balavoine