1000 jours : Les familles des Otages enlevés au Niger veulent « mobiliser l’opinion publique »

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Photo de Pierre Legrand, utilisée sur les affiches.1005 jours se sont écoulés depuis l’enlèvement de Pierre Legrand, Daniel Larribe, Thierry Dol et Marc Ferret par Al Quaida au Maghreb Islamique. A l’occasion de ce triste anniversaire des 1000 jours, des manifestations sont prévues partout en France samedi prochain. Entretien avec Mickaël Hardy, toulousain et ami proche de Pierre Legrand.

 

Toulouse Infos : Enlevé dans la région du Sahel depuis le 16 septembre 2010 avec trois autres personnes, Pierre Legrand était l’un de vos amis proches. Lors de son départ, avait-il conscience des risques qu’il aurait pu encourir au Niger ?

Mickaël Hardy : Il est parti dans le cadre de son travail, une mission à l’étranger de 8 mois. Il devait revenir en France peu de temps après son enlèvement. Les risques n’étaient pas du tout quelque chose qu’il avait envisagé dans le cadre de son départ. Une fois sur place, il s’était peut-être rendu compte qu’il courait un danger. Pour autant, la prise d’otage s’est effectuée dans la nuit du 15 au 16 septembre alors qu’il se trouvait dans son hôtel. On n’aurait jamais envisagé qu’il soit kidnappé dans ces circonstances.

TI : Comment imaginez-vous votre ami supporter sa détention ?

MH : « Supporter » c’est vraiment le terme. L’attente doit être longue pour lui. C’est quelqu’un de fort dont on sait qu’il peut surmonter les épreuves difficiles. Pourtant, au fil des vidéos que l’on a pu recevoir de lui, il paraît de plus en plus fatigué. Aujourd’hui, on ne peut pas s’empêcher de se poser des questions sur son état de santé.

TI : A l’occasion du triste anniversaire des 1000 jours de détention, des manifestations sont organisées partout en France. Comment celles-ci vont se dérouler ?

MH : Les manifestations auront lieu dans des lieux où les otages ont vécu à un certain moment. Il n’y aura donc pas de manifestation à Toulouse car aucun d’entre eux n’y est originaire. La manifestation la plus proche sera dans le Lot.

Personnellement, je me rendrais à Nantes, auprès de ma famille et de celle de Pierre. Déjà, des manifestations tous les samedis place Royale étaient organisées en petit comité. Aujourd’hui, il existe un réel désir de médiatiser ces rassemblements du 22 juin et de mobiliser des personnes qui n’ont pas forcément de liens avec les otages.

TI : A ce propos, pourquoi avoir choisi de s’écarter de la voie de la discrétion préconisée par les autorités ?

MH : En tant qu’ami, je me fie aux avis des familles. Ce qui a été préconisé au début avait été effectivement la discrétion, laisser faire les choses. Après plusieurs années, les choses, de ce que l’on sait, n’ont pas eu d’évolution. Il est donc temps de changer de stratégie, de mobiliser l’opinion publique. Et puis, on a l’espoir que Pierre et les autres otages entendent nos messages. On veut leur faire savoir qu’on ne les oublie pas.

 

Propos recueillis pas Emilie Coste