La famille de Léa, violée et tuée, réclame « le droit à un procès équitable »

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Un rassemblement silencieux aura lieu aujourd’hui à 18 heures 30 devant la Cour d’appel de Toulouse pour manifester le soutien à la famille de Léa, violée et tuée durant le Réveillon 2011. C’est le 16 mai prochain que la Chambre d’instruction de la Cour d’Appel de Montpellier doit statuer sur la demande de non lieu formulée par les avocats de l’auteur présumé du crime, qui avait pourtant avoué les faits.

 

Le 16 mai, la Cour d’Appel de Montpellier rendra un arrêt confirmant ou infirmant la demande de non lieu dans l’affaire du meurtre de Léa. Une décision importante pour la famille qui souhaite « un procès équitable ».

Le drame remonte à plus de deux ans. L’adolescente de 17 ans est retrouvée sauvagement assassinée. C’est Gérald Seureau, 24 ans, qui guide les policiers jusqu’au corps, après avoir avoué le meurtre de la jeune fille au cours de la garde à vue. Le 14 avril suivant, dans un souci de conformité avec la législation européenne, une loi rendue rétroactive par un arrêt de la Cour de Cassation vient réformer le système de garde à vue. C’est sur cet élément que toute la guérilla judiciaire va s’organiser. Une faille ouverte pour les avocats de Gérald Seureau qui réclament l’annulation des aveux pour non respect de la procédure de garde à vue. Un premier arrêt, rendu par la Cour d’Appel de Montpellier en juillet 2012, rejette la demande en faisant prévaloir « la notion de sécurité juridique ».

Mais la Cour de Cassation, compétente pour juger la régularité des règles de droit, « casse et annule » en janvier 2012 la décision rendue précédemment. Bien que les juges reconnaissent que le « le défaut de notification du droit de se taire a été sans incidence sur la caractère spontané des propos initiaux », ils condamnent les auditions réalisées suite aux aveux. Karine Bonhoure, la mère de la victime, ne « conteste pas » la réforme mais dénonce « un déni de justice ».  « La défense ne nous laisse aucun répit, s’acharne d’appel en appel pour vider le dossier de son contenu » s’exprime t-elle, écœurée par la tournure des événements.

 

Une remise en cause de la qualification des faits et une demande de non lieu qui soulève l’indignation

«  Si il faut se battre sur des procédures, nous nous battrons, jusqu’à ce qu’enfin Gérald Seureau soit jugé pour ce qu’il a fait » écrit Karine Bonhoure suite à la demande de non lieu et de requalification des faits formulée par la Défense. Caroline, membre de l’association Les amis de Léa sur Toulouse déplore cette mascarade judiciaire. « Ils demandent que l’acte d’accusation initial soit modifié pour qualifier les faits de séquestration » explique-t-elle, « mais ce n’est pas la réalité ». L’application stricte du droit réduit à néant toute humanité dans les décisions de la Cour de Cassation et de la Cour d’appel selon Caroline, qui « dit non à l’instrumentalisation de la justice ». Une logique judiciaire trop enfermée dans le respect rigoureux des règles de droit que les magistrats ne semblent pas ignorer. « On a beaucoup parlé avec eux et ils ont conscience qu’il faut changer les choses » confie-t-elle.

Le rassemblement silencieux devant la Cour d’Appel de Toulouse de ce soir est porteur de l’espoir qu’enfin le meurtrier de Léa soit jugé. La même mobilisation aura lieu devant la Cour d’appel de Montpellier et la Cour de Cassation à Paris. « Il est grand temps que Gérald Seureau réponde de ses actes devant la justice et que ses avocats le défendent pour ce qu’il a fait » demande la mère de Léa.

 

Article de Marine Astor