Toulouse au passé

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Une plaque commémorative a été installée à Toulouse le 5 Novembre 2009, en l’honneur du début de la résistance. Trois noms, dont celui d’une toulousaine de 87 ans : Angèle Bettini Del Rio.

Comme dans bien d’autres villes françaises, cette initiative résulte d’un travail réalisé sur la mémoire et la réhabilitation des condamnés de l’Histoire. Peu après la mort du dernier poilu français, en 2008, peu de personnes se doutent que certaines de ces plaques correspondent à des mémoires toujours vivantes.

Une histoire d’autrefois…

Ainsi, 69 ans plus tard, le coin de la rue Alsace fait l’écho d’un événement notable de l’histoire de Toulouse. Le 5 Novembre 1940, le mouvement des Jeunesses Communistes a lancé le premier acte de rébellion de la région face à l’ennemi. Angèle Bettini Del Rio, alors âgée de 15 ans, faisait partie du groupe de manifestants. Des tracts protestataires ont été jetés depuis le toit du batiment au moment du passage du cortège du Maréchal Pétain. Le mouvement collectait également de l’argent et de la nourriturepour les espagnols ayant fui le franquisme de 1939. En tant que fille de réfugiés espagnols, Angèle y participait. Le groupe déjà connu pour ces actes est alors arrêté peu après. Ce sont au total 4 ans d’emprisonnement pour cette « femme de la paix », à la prison de Saint Michel, puis dans plusieurs camps d’internements : Recebedou, Rieurcros en Lozère, et enfin Gurs en Pyrénées atlantiques.

Elle était alors fiancée à Yves Bettini depuis 1940, lui aussi en prison à Nîmes avec Robert Caussat et Jean Ilante, les trois autres noms gravés sur la plaque. Ils n’ont pu se marier que lorsque les deux amants, évadés, se sont retrouvés pour intégrer la résistance.

Une histoire romanesque au possible, écrite dans les méandres de l’Histoire de la région.

Toujours d’actualité…

Angèle Bettini Del Rio fait partie de l’association « Souvenir : à la mémoire des femmes du camp de Rieurcros » dont certaines avaient été déportées en Allemagne pour ne jamais revenir.

Une de ses activités préférées : témoigner dans les écoles.

Cette histoire édifiante est donc encore vivante, grâce à la transmission de sa mémoire.

La reconnaissance de la part des héritiers du passé ne se fait que bien des années plus tard, mais en bonne et dûe forme : Angèle Bettini Del Rio a reçu de Martin Malvy la médaille de la région.

Pierre Cohen a également salué dans un discours le courage de ces jeunes de l’époque qui se sont battus pour défendre les valeurs de la République.

Des mémoires individuelles qui semblent appartenir au siècle dernier, mais au coin d’une rue, elles se rappellent à notre bon souvenir en tant que patrimoine collectif.


invité du jour Angèle Bettini del Rios par ToulouseInfos

Anaïs Wahl