Les présidentielles revues et corrigées par les jeunes militants toulousains

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Vincent Gibert (à gauche) et Guillaume Brouquières (à droite) réagissent aux élections présidentielles 2012. Photo / CTI

Au lendemain du premier tour des élections présidentielles, les deux représentants des jeunes de l’UMP 31 et du PS 31 décryptent les résultats. 1,48 points les séparent au niveau national, mais plus de 10 points à Toulouse. Une avance, oui, mais pour Guillaume Brouquières , président des jeunes populaires de l’UMP et Vincent Gibert, animateur fédéral du Mouvement des jeunes socialistes (MJS), rien n’est joué.


Toulouse Infos : Dans quel état d’esprit êtes-vous au lendemain de ce premier tour ?

Vincent Gibert : On est confiant, c’est la première fois qu’un président sortant est devancé. Ces résultats signifient clairement un rejet de Nicolas Sarkozy. Il n’est plus crédible aujourd’hui. Nos retours sur le terrain montrent que nous sommes dans une société de changement, et qu’il y a une forte adhésion au projet de François Hollande, contrairement à ce qu’on entend souvent. Mais on ne fête pas la victoire avant de l’avoir remportée, on a connu trop de déboire. On est confiant, mais prudent.

Guillaume Brouquières : Les forces de droite sont peu divisées, donc on aurait pu s’attendre à un résultat plus élevé. Mais le gros score du FN est probablement dû à certains électeurs traditionnellement UMP qui ont voté par dépit. S’ils avaient été plus intelligents, on aurait surement remporté le premier tour. Certes, tout n’a pas été fait, tout n’est pas allé jusqu’au bout, ce n’est pas un problème de volonté politique mais il a fallu gérer la crise tout au long du mandat. Ceci étant dit, l’écart entre les deux candidats est faible, donc tout est possible.

 

TI : Le report des voix est la grande question de cet entre-deux tours, à qui va-t-il profiter ?

Guillaume Brouquières : Il n’y a pas d’unanimité à gauche. Je connais des électeurs de Jean Luc Mélenchon qui ne veulent surtout pas voir Hollande président et qui voteront Nicolas Sarkozy au second tour. En plus il y a tous ceux qui ne sont pas allés voter au premier tour donc on espère une plus forte mobilisation pour le Président le 6 mai. Et bien sûr, il y a le score de Marine Le Pen qui devrait en grande parti se reporter sur Nicolas Sarkozy.

Vincent Gibert : Pas d’unanimité à gauche ? C’est ce qui va nous faire gagner au second tour. Jean Luc Mélenchon a appelé à voter François Hollande sans rien demander en échange.

 

TI : Comment les militants vont-ils adapter leur discours pour « draguer » l’électorat FN ?

Guillaume Brouquières : Il va falloir parler à ces électeurs qui manquent d’informations, et notamment insister sur les thèmes qui séduisent le FN, comme rappeler les nombreuses reconduites aux frontières qui ont été menées. Mais il faut également leur expliquer que François Hollande prône la régularisation au cas par cas, et le droit de vote des étrangers. On espère qu’ils seront réalistes, même si certains n’aiment pas Nicolas Sarkozy.

Vincent Gibert : A tous ceux qui ont voté FN pour exprimer une colère, il faut leur dire que le changement est possible. Oui, François Hollande veut traiter les sans-papiers avec plus dignité, donner le droit de vote aux étrangers, et le droit au mariage pour tous. Nous défendons une autre vision de la société, pas question de changer de discours. Il faudra convaincre que c’est avec cet humanisme que l’on remettra la France sur le droit chemin.

 

TI : Le vote pour ou contre Sarkozy pourrait nuire autant à l’un qu’à l’autre. Comment l’éviter ?

Guillaume Brouquières : Il va falloir parler de fond, ce qui n’a pas été fait pendant la campagne. On a passé notre temps à répondre aux accusations, de racisme ou d’antisémitisme notamment. Maintenant il va falloir mettre les vrais sujets sur la table. C’est la raison pour laquelle Nicolas Sarkozy a proposé 3 débats sur les 15 jours. François Hollande passe très bien dans les médias, mais le président n’a pas pu s’exprimer comme il le devait. Malheureusement, François Hollande a refusé les 3 débats, certainement parce qu’il a peur. Il sait qu’il n’est pas niveau. Il n’a pas le charisme de Nicolas Sarkozy, et n’est pas au fait de tous les dossiers.

Vincent Gibert : Si les gens en arrivent à voter contre Nicolas Sarkozy, c’est à l’UMP de s’interroger mais ils sont trop arrogants pour ça. Le PS a su se remettre en cause, on n’avait pas de leader, on a organisé les primaires. L’UMP en est incapable, ils ne remettent pas en question le bilan de Nicolas Sarkozy, ni son attitude. Quant aux débats, François Hollande a été le premier secrétaire du Parti socialiste, il est habitué des plateaux tv. C’est un bon débateur, a de grandes qualités oratoires. Mais on ne change pas les règles du jeu sous prétexte qu’on a eu une mauvaise note.

 

TI : Les résultats sur Toulouse qui placent François Hollande en tête avec 34,44% des voix contre Nicolas Sarkozy à 23,12%, sont-ils une surprise ?

Vincent Gibert : C’est une bonne surprise, surtout que Marine Le Pen soit en quatrième position. L’UMP local a tenté de « municipaliser » l’élection pour susciter le rejet de Pierre Cohen, mais ça n’a pas marché.

Guillaume Brouquières : Ce n’est vraiment pas le débat. Ces résultats ne sont pas exceptionnels, Toulouse est une ville traditionnellement à gauche. L’écart est à peu près le même qu’en 2007 entre Ségolène Royal et Nicolas Sarkozy.

 

Les deux s’accordent pour dire que l’entre-deux tours sera « studieux » en Haute-Garonne. Les campagnes de terrain vont s’intensifier, tractage, happening, porte-à porte, les militants seront sur tous les fronts. Mais il y a également de grands rendez-vous à préparer, comme le 1er mai, la venue de Nicolas Sarkozy le 29 avril et de François Hollande le 3 mai prochain.

 

Propos recueillis par Coralie Bombail