Toulouse. « Circulez, il n’y a rien à voir » : une exposition de chefs d’œuvres invisibles et racontés

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Toulouse. "Circulez, il n’y a rien à voir" : une exposition de chefs d’œuvres invisibles et racontés Crédit : Ronald Curchod/dr
Toulouse. « Circulez, il n’y a rien à voir » : une exposition de chefs d’œuvres invisibles et racontés
Crédit : Ronald Curchod/dr

Quel commissaire d’exposition n’a pas rêvé de montrer à son public ses œuvres d’art préférées en une seule et même manifestation ? La Fondation espace écureuil fait le pari d’exposer une sélection de chefs d’œuvres qui resteront à la fois invisibles et racontés : il n’y aura rien à voir mais tout à écouter.

L’Ange tenant un rameau d’olivier d’Hans Memling, Pina Bausch qui danse, une planche de BD de Claire Bretécher ou le cube d’une tonne de thé d’Ai Weiwei… Les visiteurs de la
Fondation vont entendre parler de quelque 35 chefs d’œuvre qu’ils ne pourront pas véritablement regarder.

Seul l’emplacement fictif des œuvres sera visible, symbolisé par un trait au mur ou au sol. Tout sera dans l’écoute : des gens vont parler de chacune des œuvres, et les visiteurs seront invités à circuler de « diseurs » en « diseuses » pour appréhender l’ensemble de l’exposition.

Car il s’agit bien d’une exposition : un catalogue œuvres, une scénographie, un parti-pris, un propos et même des cartels. Le dispositif est pourtant inédit, proche de la
performance, car il encourage à la fois le public de la Fondation à venir à la rencontre de l’invisible et, s’il a envie de tenter l’expérience, à partager son attachement à une
œuvre en devenant lui-même diseur.

« Chaque contact avec une œuvre est une rencontre et souvent nous disons «ça me parle», car l’œuvre nous parle essentiellement de nous. Puis, nous allons à la recherche d’un savoir savant de cette œuvre et apprenons son contexte historique, artistique, social. Nous connaissons l’œuvre par une rencontre sensible doublée d’un regard savant.

Pour partager cette rencontre, nous la racontons. Dans ce récit, il y a toujours plus de nous que de l’œuvre, et c’est ce scénario de « connaissance » des œuvres qui est mis en place ici : des diseurs (de bonne aventure) qui ont été des visiteurs, transmettent leur connaissance des œuvres de cette exposition ».

Sylvie Corroler-Talairach, directrice de la Fondation espace écureuil. La Fondation propose à son public de s’inscrire dès à présent par mail pour devenir diseur ou diseuse.
Identifié par un badge, avec son prénom, il ou elle accueillera les visiteurs, debout devant l’œuvre choisie dans le catalogue de l’exposition, et racontera avec ses mots sa rencontre avec elle.

En 2014 déjà, la Fondation espace écureuil confiait sa programmation au public, l’encourageant à venir exposer une œuvre d’art apportée de son domicile et à en témoigner son attachement.

Dans l’esprit de l’exposition « Ma vie avec toi », le projet « Circulez, il n’y a rien à voir » continue de questionner le public, en réaffirmant que l’important n’est pas tant l’intention de l’artiste que ce qu’apporte l’œuvre à celui qui la contemple.

 

« Circulez, il n’y a rien à voir » du 4 novembre au 19 décembre : Fondation espace écureuil, 3 place du Capitole.

 

La rédaction