Bubblies, le groupe de rock toulousain qui a fait plier une multinationale

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Créé il y a un peu plus de 20 ans, le groupe toulousain « Bubblies » propose une scène Indie-rock et travaille déjà sur un 7e album. Formé par le chanteur et bassiste Jean-Louis Puyo, il est depuis accompagné par Carine Puyo au chant et au clavier, Eric Diot à la guitare et Julien Rufié à la batterie. Actuellement en plein buzz  médiatique suite à une tentative de dépossession de leur nom par une grosse firme multinationale, le groupe vient de gagner son bras de fer. Entretien avec son créateur.

 

Toulouse Infos : Comment vous êtes-vous rencontrés, et quand avez-vous commencé à jouer ensemble ?

Jean-Louis Puyo : J’ai créé le groupe en 1991. J’étais en école de commerce et j’ai développé une allergie très forte au marketing. Donc j’ai fait un choix à cette époque et je me suis dit que j’allais former un groupe de rock et que j’allais faire ça dans ma vie. Après, j’ai bien sûr cherché des gens. J’étais un peu fou à l’époque, un peu inconscient. Puis, on l’a fait et ça a pas mal fonctionné pour nous, donc on a continué. On était jeune et on était à « donf ». Aujourd’hui, ça fait plus de 20 ans qu’on ne vit que de notre musique avec quelques activités parallèles. On travaille dans l’associatif à côté mais toujours dans le monde de la culture et du social.

TI : Quelles sont vos influences musicales et quels sont vos artistes préférés ?

J.L.P : On a dépassé ce stade, on n’est plus dans l’influence musicale. On l’est par énormément de choses, comme par exemple le Pop Art. Après, les groupes qui nous ont vraiment donné envie de jouer sont particuliers à chacun des membres mais on peut dire qu’on partage des goûts musicaux proches de l’univers « Indie rock » (rock indépendant) américain. Quant à mes artistes préférés, je ne peux pas répondre, j’ai trop de disques et ma réponse ne serait pas construite. Je refuse !

TI : Vous avez déjà réalisé 6 albums. Quels sont vos futurs projets ?

J.L.P : On en prépare un septième. On a fait de gros projets culturels un peu plus développés comme un concert silencieux en 2012, mais là, on a juste envie de faire un nouvel album et de faire des tournées. La sortie est prévue pour 2015. On a un système de « crowdfunding » (financement participatif) sur notre site qui permet aux gens de nous aider directement plutôt que de passer par un intermédiaire comme ITunes et compagnie qui finalement ne reverse que dalle. On encourage donc les gens qui nous connaissent et qui nous soutiennent à plutôt venir chercher notre musique directement sur notre site. Comme cela, ils sont sûrs de nous aider à nous.

TI : King, l’éditeur britannique du jeu Candy Crush, a récemment tenté de vous déposséder de votre nom de groupe, puis a abandonné. Que pensez-vous de cette affaire ?

J.L.P : C’est tout simplement une grosse multinationale qui est déconnectée de la réalité. Ce sont des gens qui sont dans un système mécanique, et c’est tellement une grosse boîte, cotée à 7 milliards d’euros en bourse, qu’elle a mandaté des cabinets d’avocats un peu partout dans le monde qui doivent attaquer tout ce qui touche de près ou de loin à leur marque. Nous ne sommes pas les premiers qu’ils attaquent, ils sont en train de se faire démonter partout parce qu’ils n’arrêtent pas de faire ce genre de chose.

TI : Comment avez-vous vécu cette affaire ?

J.L.P : Très mal au départ. Cela fait un an qu’on attendait de pouvoir communiquer. On était dans une période de négociation à l’amiable avec eux mais ça ne se passait pas, il n’y avait pas de dialogue. A la fin de cette période qui devait être la semaine prochaine on a eu un peu peur de se faire débouter et on a dit : ça suffit. J’ai donc posté un message vendredi et après ça s’est enflammé comme une trainée de poudre. Cela nous a échappé assez vite. Au-delà de notre bataille, cela a réveillé d’autres envies de combats. Quand on regarde, on était juste un petit groupe de Toulouse contre une grosse multinationale en bourse. Pour le fin mot de l’histoire, au-delà du fait que nous allons garder notre nom, ça c’est super, les vrais vainqueurs sont tous les gens qui se sont mobilisés et qui ont fait en sorte qu’en deux jours on puisse faire reculer une multinationale. On a reçu énormément de soutien. Ça a fait exploser les réseaux sociaux. Dès que ça a commencé à exploser, vendredi soir, tous les médias ont commencé à nous appeler. On a fait tous les médias en deux jours. Tous ceux qui nous connaissaient nous ont soutenus et je les remercie beaucoup, parce qu’on flippait un peu quand même.

 

Propos recueillis par Charles Monnet