La fondation écureuil expose des cadavres… exquis

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Depuis le 22 novembre et jusqu’au 18 janvier, la fondation écureuil propose une exposition « pas comme les autres ». Nommée « Les cadavres sont exquis », elle est le résultat d’un projet qui a commencé en novembre 2005. Réinvestissant le célèbre jeu initié par les Surréalistes, cette exposition est construite sur le principe d’invitation où, écrivains et artistes, se répondent en alternance.

 

Inventé par les surréalistes dans les années 30, le jeu du cadavre exquis « consiste à faire composer une phrase, ou un dessin, par plusieurs personnes sans qu’aucune d’elles puisse tenir compte de la collaboration ou des collaborations précédentes ». Un concept repris par la fondation écureuil « pour faire une rétrospective pas comme les autres sur les artistes qui sont passés par notre espace et en garder une trace » explique Julie Rouge, assistante de direction du lieu. Ainsi, chaque artiste sollicité ne s’est inspiré que du texte ou la peinture qui était faite avant, créant donc ainsi un seul repère. Un jeu qui a ravi tous les participants et qui n’est pas commun. Ce fut un plaisir à faire et c’est un plaisir d’admirer le résultat  » témoigne Ronald Curchod, artiste de la dernière œuvre du cadavre exquis et réalisateur du livre sur l’exposition. En effet, les 31 artistes n’ont pu contempler le résultat de l’œuvre collective que le jour de l’inauguration.

« On observe avec étonnement des symboles et des motifs qui se répètent dans certaines œuvres alors qu’ils ne connaissaient pas le travail des autres, une continuité qui est fascinante  » commente Julie Rouge. Un « hasard » dû à « une sensibilité commune à l’art des artistes ayant participé à ce jeu » s’avance Ronald Curchod qui ne trouve pas d’autres explications « à ces motifs qui se répondent dans les uns aux autres ». L’organisation de cette exposition a pris 8 ans et il est à noter que toutes les œuvres sont originales et ont été faites pour l’espace écureuil qui s’en est porté acquéreur.

 

Des espaces privilégiés entre les cadavres

Dans l’exposition, plusieurs zones ont été installées pour le public autour des œuvres. Une zone de médiation pour « offrir au public une capacité de lecture pointue des œuvres  », se trouve dans la cave. Elle propose aux visiteurs différentes biographies des artistes ayant participé au jeu, mais aussi de suivre sur un diaporama des photos de leurs expositions réalisées par le passé. Les livres préférés des artistes sont rangés dans une deuxième zone qui permet au public d’emprunter un livre « à condition d’en mettre un autre à la place ».

« En parlant de livre, celui qui a été fait pour présenter l’exposition est un véritable tour de force », précise Ronald Curchod. Il se compose en un accordéon de 4m de long et permet ainsi au lecteur de pouvoir voir le cadavre exquis en entier. Un livre qui est en libre accès dans l’espace pour se rendre compte du « véritable défi technique mis en œuvre pour réaliser ce recueil ».

 

Article de François Nys