Vieux de plus d’un siècle et demi, l’hymne toulousain « la Toulousaine » ou « toulousaino » en Occitan a fait vibrer de nombreuses cordes vocales au fils des années. Retour sur l’histoire de ce morceau qui était enseigné dans les écoles Toulousaines.
La ville de Toulouse a, elle aussi, son hymne. Moins connu que la Marseillaise, il a pourtant longtemps été le reflet de la fierté des habitants. En langue occitane, « la Toulousaine » est à ses débuts un poème à la gloire de Toulouse écrit par Lucien Mengaud. Interprétée pour la première fois au Théâtre du Capitole en 1845, la Toulousaine « est devenue le symbole des toulousains ». « Elle a de suite été adoptée », explique Jerôme Kerambloch, assistant conservateur du patrimoine historique de la ville. Le texte illustre point par point la vie agréable qu’il est possible de mener : « Ô Toulouse, Toulouse ! J’aime tes fleurs, ton ciel, ton soleil d’or ! Auprès de toi, l’âme se sent heureuse, et tout ici me réjouit le cœur ». Rien n’échappe à l’œil du poète, que ce soit les filles « O j’aime bien de tes brunes grisettes », la nature « Tes fruits y sont plus doux que le miel des abeilles » ou bien même les institutions « Que je suis fier de tes académies ». Le texte de Lucien Mengaud, qui aborde également la victoire en 1814 de Toulouse sur les troupes anglo-hispano-portugaise, est transformé en chanson par Luis Deffès. Fièrement chanté lors des cérémonies officielles, des rencontres sportives et des festivités, l’hymne toulousain était également au programme des écoliers.
Louis Deffès, un nom qui restera
Issu d’un milieu modeste de tailleurs toulousains, Louis Deffès a commencé assez tard la musique. C’est seulement à l’âge de 19 ans que la vocation de ce compositeur va naître. En 1947, il devient le premier toulousain à obtenir le Prix de Rome de composition musicale. Son œuvre regorge de chansons, d’opéras, de cantates, de messes mais La Toulousaine a fait passer le reste de son travail au second plan. « Il y a une statue à son effigie au cimetière de Terre-Cabade, le décès de cet homme n’a pas entraîné la disparition de l’hymne toulousain », termine Jerôme Kerambloch.
Article de Maud Calves
LA TOULOUSAINO
REFRAIN
Ô moun païs! ô moun pays ! ô Toulouso, Toulouso!
Qu’aymi tas flous, toun cèl, toun soulèl d’or !
Al prèp dé tu, l’âmo sé sént hurouso,
Et tout ayssi mé réjouis lé cor,
O moun païs : ô Toulouso, Toulouso !
Qu ‘aymi tas flous, toun cèl, toun soulél d’or !
O mon pays ! Ô Toulouse, Toulouse !
J’aime tes fleurs, ton ciel, ton soleil d’or !
Auprès de toi, l’âme se sent heureuse,
Et tout ici me réjouit le cœur,
O mon pays ! Ô Toulouse, Toulouse
J’aime tes fleurs, ton ciel, ton soleil d’or !
Couplet I
Qué you soun fièr dè tas académios,
Dès mounuméns qu’ornon nostro citat !
Détoun rénoum é dé tas pouésios
Et dé toun cant déspèy loutèns citat !
Aymi tabès nostro léngo gascouno
Qué tant nouy douno, que tant nouy douno dé gayétat !
Que je suis fier de tes académies,
Des monuments ornant notre cité !
De ton renom et de tes poésies,
Et de ton chant depuis longtemps cité !
Et j’aime aussi notre langue gasconne
Qui tant nous donne de la gaîté !
Couplet II
Oh ! qu’aymi pla dé tas brunos grisétos
Lé tin flourit, lé souriré malin,
Lour pél lusén, lours poulidos manétos,
Lours poulits pès é lour régard taquin !
En las bésén, moun cor sé rébiscolo,
Et pey s’énbolo, Et pey s’énbolo tout moun chagrin.
O j’aime bien de tes brunes grisettes,
Le teint fleuri, le sourire malin,
Leurs cheveux si brillants, et leurs jolies menottes,
Leurs pieds mignons et leur regard taquin !
En les voyant, mon cœur se ragaillardit,
Et puis s’envole tout mon chagrin
Couplet III
A tous éntours l’herbo sémblo pus frésco
Lé parpaillol a maytos dé coulous,
Tous fruts y soun doucès commo la brésco
Er tous pradèls soun claoufidis dé flous ;
Dé tous bousquéts you récerqui l’oumbratgé
E lé ramatgé, é lé ramatgé dés aousélous
Aux alentours l’herbe semble plus fraîche
Le papillon a des couleurs plus vives
Tes fruits y sont plus doux que le miel des abeilles
Et tes prés y sont couverts de fleurs.
De tes bosquets je recherche l’ombrage,
Et le ramage des oiselets.
Couplet IV
Dé tous guerriès doun la noblo bénjénco
Fasquèc pléga lé froun dés Sarrazis,
Dé ta fiertat é dé l’indépéndénço
Qué dé tout téns régnec dins lé païs.
Oh ! Soun pla fièr dé ma bilo tant bélo,
Que tant rapélo, que tant rapélo dé soubénis
De tes guerriers dont la noble vengeance
Fit courber le front des Sarrazins,
De ta fierté et de l’indépendance
Qui de tout temps régna dans le pays
O j’en suis fier et de ma ville si belle,
Qui tant rappelle des souvenirs !