Plan de restructuration : « Sanofi sont des menteurs »

268

Les employés de Sanofi Toulouse manifestaient hier, route d’Espagne, leur mécontentement contre le désengagement de la direction. Le groupe pharmaceutique annonçait en même temps, en comité central d’entreprise, à Paris, son nouveau plan de restructuration de la branche recherche et développement.

 

Depuis un an maintenant, les 600 salariés de l’entreprise se battent pour préserver la bannière Sanofi à Toulouse. Environ un mois après la présentation du rapport ministériel par le Ministre du redressement productif, Arnaud Montebourg, qui prévoyait le maintien de 500 emplois sur la ville, ils expriment leur colère.

Le plan de restructuration annoncé est jugé « en deçà des engagements » pris le Président de Sanofi France Christian Lajoux, le 17 mai dernier, qui avait accepté que le compte rendu constitue « la feuille de route de l’entreprise ». Il prévoit à terme, le passage à l’autonomie du site toulousain et le maintien de 364 postes sur les 617 existants.

 

Un plan de restructuration qui laisse un goût amer

Devant les grilles, la tension était palpable, ce mardi. La nouvelle a fait l’effet d’un coup de poignard dans le dos pour l’ensemble des employés du groupe pharmaceutique. « Colère », « dégoût », « haine », « incompréhension » et « mépris » sont unanimement clamés par les salariés pour définir leur ressenti face au nouveau projet. Pour Anne, 20 ans d’entreprise, « Sanofi sont des menteurs ». Christophe, lui, dénonce « une fermeture déguisée », et condamne « le désengagement » de la direction. Tous s’accordent pour accuser le groupe d’être « dirigé par les intérêts financiers des actionnaires » qui veulent « voir augmenter leurs dividendes ». « C’est pas avec l’argent qu’on soigne les patients. C’est dégueulasse » s’indigne Perrine.

La détermination à toute épreuve des dirigeants pour amorcer l’externalisation de l’activité représente « un enjeu public » selon Christophe, qui se demande « quel médicament digne de ce nom pourra être produit dans quelques années ? ».

Mais c’est aussi un bilan qui pourrait à l’avenir être préjudiciable pour le territoire. Laurence Millet, secrétaire adjointe du CE met en garde contre « le manque d’attractivité pour les start-up » que représente le rejet de créer un campus sur le site. « Il va rester quoi après, Fabre, l’aéro ? » s’interroge Anne, « ce n’est pas bon pour le rayonnement de la région ».

 

L’Intersyndicale unie contre le nouveau plan de restructuration

L’intersyndicale qui avait pu apparaître parfois en désaccord quant aux conclusions du rapport Saintouil, semble aujourd’hui parler d’une seule voix. « La direction Sanofi prétend être loyale ? C’est inacceptable » s’exclame Laurent Besson-Imbert, délégué syndical Sud Chimie, qui déclare « impossible de négocier le couteau sous la gorge ». Christiane Jourde, élue CFDT, a pointé du doigt l’attitude des dirigeants, qui ont « détourné » les conclusions de la mission ministérielle et agi « à l’encontre des préconisations portées par le gouvernement. ». « Ce n’est plus une histoire de recherche mais une histoire d’argent » exprime t-elle écœurée.

Christian Lajoux, directeur de Sanofi-Aventis-France, aurait déclaré à l’intersyndicale, par voie de communiqué, que la discussion restait « ouverte », que la direction « ne cherchait pas à « contourner » le rapport, et s’inscrivait dans une démarche « de dialogue sociale et de négociation ».

 

Article de Marine Astor