Mariage pour tous : et maintenant, la PMA ?

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Hier après midi, l’Assemblée Nationale a voté. Après des mois de manifestations, ne reste que l’étape du Conseil Constitutionnel. Au mois de juin, les premiers mariages homosexuels devraient avoir lieu. Hier, place du Capitole, les pros et les antis se sont croisés. Toulouse Infos a récolté les témoignages d’Hélène, future maman opposée au mariage gay, et de Cléa, venue célébrer l’évènement avec sa copine et une amie hétéro.

 

Toulouse Infos : La loi Taubira vient d’être votée. Quelle est votre réaction à l’annonce de ce vote historique ?

Hélène : Manifester ! Je suis lassée de voir que le gouvernement fait semblant de ne pas entendre notre désaccord. Mais on va continuer. D’autant que ce débat crée une scission dans la société qui aurait besoin d’union. On veut du travail, qu’on se penche sur les problèmes économiques. Pas qu’on remette en cause les fondements de la société, à savoir la famille. Aujourd’hui il y a d’autres priorités.

Cléa : Je suis très contente. C’est une très belle journée mais pas historique. La France rattrape juste son retard sur des droits fondamentaux. Après, personnellement, je ne veux pas me marier mais je veux des enfants. Je suis quand même très heureuse pour les autres, et surtout pour tous ces couples homosexuels qui ont des enfants et qui pourront légaliser leur situation.

TI : Ces derniers mois ont été houleux. L’ambiance était très tendue. Comment avez-vous vécu cette période ?

Hélène : J’étais de toutes les manifestations. C’est la seule chose qu’on peut faire pour protester donc on le fait !

Cléa : Pour moi, ces mois étaient très difficiles. Avec Carine (sa copine, ndlr), on a participé aux contre manifestations et on a pu ressentir cette hostilité des gens. Voir cette mobilisation aberrante alors que ça ne leur retire absolument aucun droit… Mais je ne pense pas que ce soit fini. Des mouvements de haine risquent de se développer. Ils sont vraiment remontés de l’autre côté.

TI : Ces dernières semaines, on a pu constater une montée en puissance de la violence contre les homosexuels, en marge de la protestation…

Hélène : Je trouve ça lamentable. Mais pour moi ce n’est pas propre à notre mouvement. C’est plutôt une occasion pour des excités d’aller taper sur les autres. Attention aux amalgames, notre mouvement n’est pas homophobe. Il y a même des homosexuels parmi nous.

Cléa : En tant que couple de nanas, ça nous est déjà arrivé de nous faire agresser. Mais je n’ai pas peur quand je vois les images des violences récentes. En fait, c’est juste une réalité de la vie. Une mise en avant de ce qu’on vit tous les jours.

TI : Frigide Barjot a annoncé dimanche vouloir présenter des membres de son mouvement aux élections municipales de 2014. Pensez-vous que cela aboutira ?

Hélène : Je ne vois pas trop l’intérêt. Ça risquerait de politiser le débat. C’est une façon comme une autre de manifester mais je ne suis pas sûre que ce soit très efficace.

Cléa : Ça me fait doucement rire. Frigide Barjot est finie de toute façon, ça ne servira à rien.

TI : Maintenant que la loi est passée, comment voyez-vous l’avenir ?

Hélène : Le combat continue. Surtout sur la PMA (Procréation Médicalement Assistée). C’est une bombe à retardement pour les enfants. Et maintenant, je pense que les maires vont être face à leur conscience. La démission peut-être un signe très fort. Personnellement, si j’étais maire, je ne pourrais pas marier des homosexuels car ça touche au droit de l’enfant à avoir un père et une mère.

Cléa : Que les antis continuent à manifester me blase. Ça a été tellement dur de faire passer la loi sur le mariage, j’ai peur qu’à cause d’eux, on n’ait pas la PMA.

 

propos recueillis par Joséphine Durand

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