PS : Harlem Désir et Emmanuel Maurel, des prétendants passés au crible

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Demain, le premier secrétaire du parti socialiste sera désigné par le vote des militants lors du second tour des élections internes. C’est Emmanuel Maurel qui viendra titiller en façade l’éléphantesque Harlem Désir, tête de liste de la motion majoritaire. Si les résultats n’ont jamais fait de doute, le bon score du challenger lors du premier tour justifie le zoom. Portraits croisés des deux hommes.

 

En signant une motion commune, Martine Aubry et Jean-Marc Ayrault n’ont laissé que peu de place au suspens. Le premier secrétaire du parti socialiste sera Harlem Désir, point. Un vrai faux candidat qui exprime le souhait majoritaire jusque dans son patronyme. Mais qui est vraiment Harlem Désir, ce grand chauve qui s’apprête à s’installer aux commandes du PS ? A 52 ans, ce licencié en philosophie a déjà trente ans d’activisme politique dans le rétroviseur. C’est en 1982 que le tout jeune Harlem prend sa carte au parti socialiste en plein euphorisme mitterrandien. Deux ans plus tard, il crée le mouvement SOS Racisme et son fameux slogan « Touche pas à mon pote ». En 1994, le militant prend du grade. Il intègre le Conseil National puis la direction du parti socialiste. De fil en aiguille, il gagne la confiance d’Aubry jusqu’à devenir en 2008 le numéro deux. A noter également, ses postes de conseiller municipal à Aulnay-Sous-Bois et par deux fois, de député européen. Expérimenté, le monsieur. Avec 68% des suffrages récoltés, le grand favori s’est idéalement placé lors du premier tour. Sans toutefois écraser les urnes au regard des prévisions. Fort d’une communication fine et maitrisée, il est souvent décrit par ses pairs comme un homme de rassemblement et de consensus. De quoi aider à contrôler son monde.

L’autre, c’est le premier signataire de la motion « Maintenant la gauche ». C’est presque si, avec 13% des votes exprimés, Emmanuel Maurel n’a pas pété l’ambiance. Méconnu, cet hyperactif âgé de 39 ans a pourtant de nombreuses casquettes. Conseiller municipal d’une commune du Val d’Oise, il est aussi conseiller régional en Ile-de-France depuis maintenant huit ans. En 2009, il devient sous l’impulsion de son supérieur Jean-Paul Huchon vice-président chargé des Affaires internationales et européennes. Un rôle élargi par la suite à la formation professionnelle et aux questions d’emploi. Sur tous les fronts, le challenger est aussi éditorialiste de l’hebdomadaire La Corrèze Républicaine et Socialiste ainsi que directeur de publication d’un magazine mensuel. Depuis le début des élections, celui que l’on présente comme l’aile gauche du parti ne s’embarrasse pas de bons sentiments. Réclamant « l’utilité du Congrès », il ose dépeindre un gouvernement « un peu trop sensible à la pensée unique ». Pour lui, les militants peuvent et doivent « ouvrir leur gueule ». « L’unité oui, mais pas l’unanimisme » synthétise t-il. En désaccord avec la majorité sur l’austérité et l’Europe, Emmanuel Maurel préfère jouer la fracture. Entre les deux prétendants, l’opposition de style est ainsi toute trouvée. Dommage que celle-ci n’en soit pas réellement une.

 

Christophe Guerra