Toulouse. Polémique sur l’accueil des enfants de soignants dans les écoles

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Toulouse. Polémique sur l’accueil des enfants de soignants dans les écoles
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Alors que la reprise dans les écoles prend forme pour un million d’enfants, certains parents et personnels de santé dénoncent la “mise à l’écart” des enfants de soignants. Ces vives réactions résultent de la publication d’une lettre écrite par une inspectrice de l’Académie nationale.

Aujourd’hui c’est la rentrée pour de nombreux écoliers. Pour d’autres, rien ne change, ou presque. Les enfants de personnels soignants ont en effet continué d’aller à l’école au fil des semaines du confinement. À Toulouse, huit écoles accueillent ces enfants depuis le 16 mars. Or, alors que le déconfinement progressif démarre, ces écoliers resteront dans ces écoles spécifiques et ne retourneront donc pas dans celles d’origine, avant le confinement, indique L’Indépendant.

Une inspectrice de l’Education nationale a alors justifié cette décision le 8 mai dans un courrier adressé aux parents d’élèves des écoles qui avaient accueilli ces enfants : “Les enfants des personnels soignants resteront donc sur les écoles spécifiquement dédiées à leur accueil afin de ne pas occasionner un brassage d’enfants qui ne seraient pas en accord avec les conditions sanitaires requises.” Dans un autre courrier, il est stipulé que “les enfants dont les parents ont une profession prioritaire ne pourront pas intégrer leur classe habituelle” et “ne pourront pas prendre leur récréation en commun”.

Une décision qui fait polémique

Des fédérations de parents d’élèves toulousains et des personnels soignants ont signalé leur mécontentement, dénonçant une “mise à l’écart” de ces enfants de soignants. Pour Muriel Paletou, présidente de la Fédération des conseils des parents d’élèves (FCPE) de Haute-Garonne, le terme “brassage” employé dans le courrier est “maladroit car il est discriminant pour ces enfants ». Elle précise à Reuters : « J’aurais compris qu’on explique que ces enfants, un public particulier, restent dans les écoles du confinement pour des raisons d’horaires ou de modes de garde du personnel soignant mais les empêcher de rentrer dans leur école d’origine pour des raisons sanitaires, c’est difficile pour les enfants concernés.”

Dans une tribune publiée sur jeunesmedecin.fr, la docteure Lamia Kerdjana, présidente de Jeunes Médecins Île-de-France et anesthésiste-réanimatrice, fustige la séparation entre les enfants : “Pour répondre à l’anxiété de la population, les enfants de soignants sont stigmatisés et discriminés avec des mesures drastiques de distanciation sociale avec les autres élèves qui sont disproportionnées. En effet, ces enfants, en l’absence de symptômes, n’ont aucune raison de subir une éviction de leur classe et aucune étude ne permet d’affirmer que les enfants de soignants sont plus transmetteurs du coronavirus que les autres enfants accueillis. Par ailleurs, cette population d’élèves est probablement plus sensibilisée aux mesures barrières que les enfants dont les parents ne sont pas soignants”.

L’Académie de Toulouse regrette ces réactions

Dans un entretien conduit par La Dépêche le 11 mai, l’inspecteur d’académie Philippe Destable objecte la mise à l’écart des enfants de soignants. Il admet que le courrier en question peut paraître “flou” mais déplore les réactions qui s’ensuivent, notamment “la tenue de certains propos, que nous avons jugés désolants, voire choquants. Parler de « léproserie » ou de « discrimination » me semble inadapté”.

L’inspecteur d’académie insiste par la suite sur la primauté d’accueillir ces enfants : “Ils ne sont pas maintenus de force dans les écoles qui les ont accueillis jusqu’ici. Ils auront le choix de rejoindre leur établissement habituel, lorsqu’il rouvrira. Je vous rappelle que seules 68 écoles rouvrent à Toulouse ce mardi. Ils peuvent aussi rester là où ils étaient durant le confinement. Quoi qu’il en soit, leur accueil reste une priorité.”

 

Lisa Hervé