Affaire Viguier : des rebondissements mais toujours pas de certitude

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En février 2000, Suzanne Viguier disparaît. Dix ans plus tard s’ouvre le procès en Cour d’Assises d’appel de son mari Jacques Viguier. Photo / CTDREn février 2000, Suzanne Viguier disparaît. Dix ans plus tard s’ouvre le procès en Cour d’Assises d’appel de son mari Jacques Viguier, professeur de droit à Toulouse. Comme dans les pires séries judiciaires, tout est réuni dans cette affaire : un couple au bord du divorce, un amant, la personnalité intrigante de l’accusé, un corps introuvable et de récents soupçons de faux témoignage et de subordination de témoin.

 

Dans cette affaire, beaucoup d’éléments sont suspects sans dépasser le seuil de la preuve.

Suzanne Viguier, professeur de danse et mère de 3 enfants, disparaît le 27 février 2000, sans aucune explication. Son mari Jacques Viguier est professeur de droit public à l’Université de Toulouse. Le couple est au bord de l’implosion. Suzanne a un amant, l’universitaire la trompe avec des étudiantes. Elle aurait annoncé son intention de divorcer 48h avant sa disparition, selon le Parquet.


Jacques Viguier met 3 jours pour signaler la disparition de sa femme à la police : lenteur suspecte ou diligence normale pour un mari qui ne cohabite presque plus avec sa femme ? Des traces de sang de Suzanne Viguier sont retrouvées au domicile du couple : traces significatives ou tâches courantes dans la maison où elle vivait ?

Le couple faisait chambre à part, Suzanne dormait sur un clic-clac dont le matelas n’a jamais été retrouvé. Le professeur Viguier n’a jamais pu plausiblement expliquer pourquoi il s’en serait débarrassé le jour du dépôt de sa plainte pour l’enlèvement de sa femme.


Rappelons que le professeur de droit a été placé en détention préventive pendant 9 mois. Mais il comparaissait libre devant le tribunal de Toulouse qui l’acquitte le 30 avril 2009 contre l’avis du Parquet, qui interjette appel.

Le 1er mars 2010 s’ouvre donc le jugement en appel devant les Assises à Albi. Me Dupond-Moretti, plus de 80 acquittements au compteur, et le toulousain Me Lévy entourent Jacques Viguier. Et le président de la Cour d’Assise du Tarn, Jacques Richiardi est allé chercher des écoutes téléphoniques prometteuses jusque-là oubliées.


Mardi 9 mars, la baby-sitter de l’époque craque et avoue avoir fourni un faux témoignage sur les indications d’Olivier Durandet, l’amant de la disparue. Séverine Lacoste se serait bien rendue au domicile des Viguier deux jours après la disparition de Suzanne, mais elle avoue avoir été accompagnée par Olivier Durandet. Le personnage de l’amant n’a pas été considéré comme un suspect dans l’enquête, son ADN n’a jamais été prélevé.

Loin d’être déstabilisé par sa garde à vue de mardi dernier, Olivier Durandet a affronté sans faille hier, le ténor Me Dupond-Moretti. Le partenaire de tarot de Suzanne Viguier a toujours été en contact avec les enquêteurs. Il l’assume, tout comme être obsédé par le sort de Suzanne, en quête de la vérité , au point même, selon la défense d’avoir eu accès au propos de l’agrégé de droit dans une garde-à-vue de mars 2000.

 

Les 12 jurés ont encore quelques jours pour forger leur « intime conviction » dans un procès toujours complexe, plein de suspicion et sans aveux de culpabilité, ni corps. Verdict annoncé pour le 20 mars prochain.

 

Cécilia Megharfi