Un Toulousain dans la ville

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Boris le Babylonien contre l’Aligot littéraire de Julien Campredon. Photo / CTDRNe vous fiez pas au titre : Boris le Babylonien contre l’Aligot littéraire est plus proche du pamphlet que de la science-fiction. Mais d’orgueil et de gastronomie il est bien question. C’est l’histoire d’une rencontre entre les snobs et les ploucs, des naïvetés d’un jeune écrivain confrontées à la décadence des requins de l’édition.


Voilà un tout petit livre de 46 pages. Lisible en un aller simple ligne B. Mais c’est sur une autre ligne de métro que l’histoire débute, la station de métro parisienne Sèvre-Babylone.

Le narrateur se rend au Salon du livre. Il espère y trouver l’éditeur qui reconnaîtra l’originalité de l’Aligot littéraire. Là-bas, l’orgueilleux et branché Boris, toulousain convertit en parisien, doit guider le naïf et provincial héros dans le monde de la littérature parisienne.

Au lieu de reconnaissance, il trouvera un univers décevant où les vrais littéraires sont refoulés aux portes d’un réseau qui n’a de lettré qu’une image en préfabriqué.

Vous ne trouverez pas chez Boris le Babylonien, le style facile des Lévy et Musso qui ont pignon sur les rayons de la Fnac. Julien Campredon veut nous éloigner des sphères où « l’argent va à tout le monde sauf aux auteurs » décrit-il, où les préoccupations se concentrent moins sur le propos que sur la forme, sur les stratégies marketing, sur l’efficacité qui permettra de refourguer un produit dont le contenu importe peu.

Julien Campredon écrit avec une originalité qui exige de se laisser aller à son style incongru mais offensif. « La littérature est un cadavre et tout le monde lui fait les poches » commente l’auteur. Elle devrait être vivante : « la littérature est engagée, ou elle n’est pas » déclare t’ il. Ecrire, « c’est se créer une vision du monde » et tenter de l’exposer à un lectorat.

Au menu donc, de l’esprit critique et déjanté, avec en dessert, à la fin du livre, un glossaire aussi desprogien que gastronomique, qui va de A comme recette de l’Aligot à Z comme zut. Sachant que Boris le babylonien est bourré de références peu compréhensibles pour les non toulousains, Julien Campredon a voulu démocratiser à coup d’humour les repères locaux incontournables. Un glossaire à consommer avant, après, pendant, à volonté.


Cécilia Mégharfi