Des crèches au pavé, il n’y a qu’un pas

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Les professionnels des crèches se sont réunis cet après-midi encore à Toulouse. Photo / CTI« Pas de bébé à la consigne », « les bébés ne sont pas des sardines ». Des slogans évocateurs, un personnel qui ne décolère pas : les professionnels des crèches se sont réunis cet après-midi encore à Toulouse. Ils manifestaient pour la troisième fois en trois mois contre un projet de décret. Retour sur ce mouvement qui prend de l’ampleur.


Depuis le mois de mars, des journées de manifestations sont organisées partout en France et Toulouse ne fait pas exception. Le personnel de la petite enfance des communes de l’agglomération se mobilise contre le projet de décret de la secrétaire d’Etat à la famille, Nadine Morano. Ainsi, plus de 500 personnes ont manifesté devant la préfecture le 11 mars 2010, elles étaient 1 500 le 8 avril 2010 et bien plus nombreuses encore ce jeudi 6 mai 2010.

L’événement mérite d’être souligné puisqu’il est historique : certains établissements, fondés il y a 20 ans, n’avaient jamais encore fermé leurs portes et ont rejoint le mouvement. Il s’agit d’une profession peu coutumière de ce type de contestation. Mais trop c’est trop : le décret répond selon les professionnels à une logique comptable, or, c’est bien d’êtres humains dont il est question.

Concrètement, que prévoit le décret ?

La première mesure qui fait tiquer les éducatrices de jeunes enfants c’est l’augmentation du taux d’accueil dans les établissements déjà surchargés. Il passerait ainsi de 110 à 120%.

La déqualification du personnel vient en second. Le taux d’encadrement par les professionnels les plus qualifiés passerait de 50 à 40%, au profit de titulaires d’un CAP petite enfance ou d’un BEP sanitaire et social.

Conséquence, il s’agirait plus d’une garde que d’une véritable éducation qui serait assurée dans les crèches et les qualités d’accueil seraient revues au rabais.

Pour éviter de tomber dans le low cost, les professionnels de la petite enfance assurent qu’ils continueront leur mouvement jusqu’à obtenir l’abandon pur et simple du décret.

Anaïs Michot