Invité par la conseillère régionale UMP Elisabeth Pouchelon lors du débat sur le « Mariage pour tous » organisé en début de semaine, Philippe Orillac, Président National de l’« Autre Cercle » profite de la manifestation de ce dimanche contre l’homophobie pour signer une tribune en faveur du « mariage pour tous ».
Pour comprendre ce projet, il est important de dissiper certaines idées reçues qui persistent. Ce n’est nullement un choix d’être homosexuel-le, comme on ne choisit pas ses origines, son physique…on ne choisit pas le sexe de la personne que l’on aime. Il n’y a rien d’anormal ou de contre-nature. On peut être homosexuel quels que soient son apparence physique, son âge, son caractère, ses convictions religieuses ou politiques, sa profession, son origine… la capacité à élever, aimer, accompagner des enfants n’a aucun lien avec l’orientation sexuelle des parents.
L’institution du mariage civil n’a cessé d’évoluer dans l’Histoire, avec souvent au départ des réticences à ces évolutions, avant que ces dernières nous paraissent des évidences. Ainsi, l’égalité entre les époux n’était pas consacrée par le mariage civil issu de la Révolution Française et le divorce n’existait pas avant 1884. Le divorce par consentement mutuel n’a été possible qu’à partir de 1975. Le mariage était plus souvent une histoire d’héritages ou d’arrangements. Aujourd’hui le mariage permet à la société de reconnaître officiellement une relation entre deux personnes et de protéger son conjoint. Les homosexuel-les demandent aujourd’hui de pouvoir y accéder tout comme les hétérosexuels y ont droit depuis plus de deux siècles. Ne pas accepter cette égalité, c’est cautionner une discrimination.
Comme en attestent de nombreuses études, et pas seulement à l’étranger, il n’y a pas de différence d’épanouissement entre les enfants élevés par des couples de même sexe ou de sexe différent. Seule la stigmatisation, le non-dit (que la loi, en ancrant ces familles dans la norme, érodera) différencient ces familles à l’heure actuelle. L’enfant a d’abord besoin de la sécurité d’une cellule familiale quelle que soit sa composition. Il trouve ses repères dans l’ensemble de son environnement (Grands-parents, famille élargie, amis, écoles…). La loi confirme déjà que la cellule familiale n’est pas obligatoirement composée d’un père et d’une mère puisqu’elle autorise l’adoption par les célibataires. Dans la société française d’aujourd’hui, plus d’un enfant sur deux naît hors mariage, un couple sur trois divorce.
Le droit de l’enfant est bien d’être élevé dans un cadre protecteur et aimant, le droit de l’enfant est aussi celui d’être protégé par l’Etat. Les familles homoparentales existent déjà, cette loi ne pourra que profiter à ces enfants.
Les « anti-mariage pour tous » font souvent peur sur des arguments infondés comme celui de la suppression des termes Père et Mère par Parent1 et Parent 2,…et même sur des fantasmes plus graves (polygamie, zoophilie, pédophilie, terrorisme…). Pourtant cela fait plus de 11 ans que le mariage pour tous existe aux Pays-Bas, 10 ans en Belgique, 8 ans en Espagne et au Canada, 7 ans en Afrique du Sud…quelques années en Norvège, en Suède, au Portugal, en Islande, en Argentine, au Danemark…tout dernièrement et par référendum dans 3 nouveaux états américains s’ajoutant aux 6 autres, depuis quelques jours en Uruguay…rien de ce que nous annoncent ces opposants ne s’est passé dans ces pays.
Le parti conservateur va bientôt faire voter cette loi en Grande Bretagne. De quoi s’étonner du manque de lucidité et d’humanité des hommes politiques français opposés à la loi (qui sur d’autres sujets nous citent souvent des pays étrangers en exemple).
Le seul bouleversement que cette loi amènera c’est garantir une sécurité pour les familles homoparentales, une meilleure compréhension de l’homosexualité et un frein à l’homophobie. Elle aidera les jeunes homosexuels, si nombreux à souffrir du manque de reconnaissance publique de leur vie, à éviter des drames familiaux.
Il n’est pas question de remettre en cause la famille, il est plutôt question de la consolider et de la reconnaître dans sa plénitude et sa diversité.
Tribune signée par Philippe Orillac, Président National de l’« Autre Cercle »
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