Handicap : « Nos gouvernants s’attaquent à ma liberté »

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Image d’illustration. Photo / Crédit Odile Maurin

En situation de handicap, je ne suis pas prête de sortir de chez moi, de circuler librement, de manière autonome, et quand je veux ! Pourtant la liberté d’aller et venir est belle et bien une liberté fondamentale, inscrite dans notre constitution. Mais visiblement par pour tous !

 

Car mon quotidien, faute d’accessibilité, c’est pas de sorties imprévues, à cause de ma dépendance vis à vis de transports spécialisés qu’il faut réserver plusieurs jours à l’avance et qui dysfonctionnent, ou faute de la présence d’une de mes auxiliaires de vie (trop souvent occupée à assurer mon quotidien basique) ou d’amis qui conduisent. Pas question de se dire : aujourd’hui je suis en forme, envie de sortir donc je vais à la piscine, voir un spectacle ou des amis ! Et en cas de rage de dents, faut les serrer car pas question de sortir librement pour aller chez le dentiste !

Ceux qui aujourd’hui s’attaquent à ma liberté, ce sont nos gouvernants qui viennent d’engendrer un recul historique des droits des personnes à mobilité réduite (PMR).

Le pire, c’est que c’est un gouvernement de gauche, ou tout au moins se présentant comme tel, qui s’apprête à faire reculer les droits des personnes à mobilité réduite par une attaque sans précédent contre la loi de 2005 !

Comment ? En mettant fin de fait à l’échéance légale de 2015 pour un pays accessible à tous, par un report sine-die de cette échéance pour les plus malins, et une attaque en règle des normes d’accessibilité minimales !

Pourtant, le PS n’avait pas voté la loi de 2005 à l’époque sous prétexte qu’elle n’était pas assez ambitieuse : on comprend maintenant que l’ambition consistait à limiter les droits des plus fragiles !

Le tout s’inscrivant dans un contexte local qui pose question : en Haute Garonne, les services de l’État semblent davantage mobilisés contre les droits des personnes à mobilité réduite que soucieux d’appliquer et de faire appliquer la loi, ou tout au moins ce qu’il en reste ! Voir ma chronique du 10 septembre, à laquelle le Préfet n’a toujours pas répondu !

 

1er prix de la désinformation au sénateur Lambert

Alors même que la qualité de vie procurée par l’accessibilité universelle apporte un bénéfice réel à tous, aussi bien pour les parents qui circulent difficilement avec des poussettes, et qui sont parfois obligés de porter leurs enfants et les poussettes dans l’escalier, qu’aux simples personnes chargées de bagages. Et on peut dire de même pour une signalétique adaptée, pour des textes ou des pictogrammes faciles à lire et à comprendre, pour le signalement des obstacles en hauteur qui peuvent gravement blesser les déficients visuels mais aussi les gens distraits, pour la rénovation des trottoirs de mauvaises qualités qui font chuter les personnes encore valides, les précipitant parfois vers la perte d’autonomie de manière prématurée, etc.

Cela ne gêne pas un gouvernement qui a eu de solides appuis dans son travail de démolition de la part de certains lobbies ! 1er prix au sénateur Lambert !

Propos que j’illustre avec mon commentaire sur mon blog le 21 avril 2014 en réaction à  la réponse du sénateur Alain Lambert à la question du Point « Un maire croule sous les normes les plus folles en France. Quelle simplification préconisez-vous ? » Sa réponse : « Les élus ne supportent plus …… Ni de démolir des maisons dans des communes de 500 habitants pour élargir des trottoirs afin que deux fauteuils roulants puissent se croiser. »

J’écrivais : « Bel exemple de désinformation et de propos mensongers … : faudra me dire dans quelle commune ça se serait passé et sur quel texte cela s’appuierait-il ? Je doute d’avoir un jour la réponse… »

Commentaire que j’ai aussi mis sur la page Facebook de ce bon représentant du peuple si soucieux de l’intérêt public (sauf celui des PMR)… Et je vous le donne en mille : il n’a jamais répondu ! Car ce Monsieur est bien évidemment incapable de dire où et quand cela se serait passé, d’autant que ce n’est de toute façon pas ce que prévoient les textes existants !

 

Odile Maurin