Les curieux choix d’économies du Conseil général 31

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Manifestation devant le Conseil Général de Haute-Garonne. Photo / CTI

Décidément l’actualité est pleine de surprises ! Alors que j’achevais mon dernier billet sur des questions très toulousaines en rapport avec les décisions estivales et de rentrée de l’équipe municipale, les évènements récents m’amènent à vous parler ici de l’actualité départementale.

 

En effet, si vous passez par hasard devant le Conseil général de la Haute-Garonne, vous vous rendrez compte qu’il est occupé par un curieux campement (du moins, au moment où j’écris ces lignes). On découvre là tentes, banderoles, panneaux, lieux d’échanges mis en place par des travailleurs sociaux qui occupent pacifiquement cet espace pour protester contre une décision récente de cette collectivité territoriale.

Ayant pour mission d’accompagner les mineurs et jeunes majeurs en difficultés sociales (et il ne faut pas imaginer à ce propos de simples dysfonctionnements familiaux !), ils ont été avisés par un coup de téléphone (oui, vous avez bien lu …) et ce au cœur de l’été qu’ils devaient mettre à la porte de leurs établissements, et donc à la rue et sans accompagnement les jeunes à partir de 19 ans nantis d’un pécule … en commençant par ceux n’étant pas de nationalité française (vous avez, là aussi, bien lu …).  Les travailleur sociaux des établissements, accompagnés par de nombreux collègues employés par le Conseil général ont vigoureusement réagi et alors engagé une épreuve de force pacifique visant à faire annuler ces mesures et engager une concertation devant les difficultés rencontrées. Ce sont eux, non syndiqués et syndiqués (du moins appartenant aux organisations les  plus représentatives, les autres se déshonorant à cette occasion dans de bien piètres positions de replis boutiquiers) que vous trouverez sous les tentes.

 

Qu’en penser ?

On peut être pour le moins perplexe devant une telle initiative venant d’une assemblée dont les membres avaient habitué à d’autres positions. Nombre de Conseillères et Conseillers généraux de la Haute-Garonne ont déjà fait preuve de leurs solidarités avec ce qu’on appelle les « sans papiers », certains allant jusqu’à participer à des parrainages républicains, il est vrai dans un autre contexte politique. A la différence des élus de droite de la région, qui sans tous aller jusqu’aux propos xénophobes récurrents de Mme le Maire de Montauban ont toujours brillé par leur absence sur cette question, on pourrait attendre autre chose de celles et ceux qui constituent l’essentiel de l’assemblée départementale. On sait les difficultés financières que connaissent les départements produites par les choix politiques du gouvernement actuel et par un Etat pris dans une spirale d’un désengagement grandissant, mais on pourrait imaginer qu’ils n’amènent pas à aller à l’encontre des droits sociaux des plus fragiles.

 

De cette histoire, tirons deux conclusions.

La première plutôt pessimiste, mais pas étonnante. En période de difficulté, c’est bien du côté du social que se cherchent les économies, en débutant par les plus fragiles… et en élargissant ensuite. Il semble que le Conseil général n’ait pas dérogé à cette tendance. Espérons qu’il saura trouver à temps une sortie de crise positive.

L’autre conclusion est plus optimiste. Les jeunes, et surtout celles et ceux qui les accompagnent ne se sont pas laissés faire. Cette réaction est suffisamment rare dans le secteur du travail et de l’intervention sociale pour être ici saluée. Elle est porteuse d’espoir dans la période bien sombre que nous vivons.

 

Jean-François Mignard