Pourquoi Gérard Onesta ne sera pas la tête de liste des Verts à Toulouse en 2014

555

A moins d’un an des municipales, l’idée d’une liste Europe Ecologie les Verts indépendante à Toulouse fait son chemin. Mais à l’heure de se trouver un chef de file, c’est le nom de Gérard Onesta qui ressort inévitablement. Une éventualité que Julien Faessel, ancien secrétaire fédéral d’EELV à Toulouse et chroniqueur de Toulouse Infos balaye d’un revers de main. Il s’explique.

 

« Les candidatures des vieux ennemis Pierre Cohen et Jean-Luc Moudenc étant certaines, le microcosme journalistique local se passionne d’une éventuelle candidature Gérard Onesta pour pimenter un peu ce duel. Les sympathisants écologistes eux aussi souhaiteraient qu’il soit tête de liste. Bizarrement, pour une partie de ce qu’il reste de militants verts, une certaine dissonance cognitive les amène à miser sur un autre cheval pour cette course.

Voici donc 6 bonnes raisons pour lesquelles Gérard Onesta ne sera pas tête de liste :

1. Il est un danger pour les socialistes : L’objectif numéro 1 des Verts est de faire gagner les socialistes (il s’agit là d’un gros handicap pour se faire respecter, mais d’un atout pour recevoir en récompense quelques postes). Gérard Onesta (tout comme Nicolas Hulot l’année dernière) risquerait de faire de l’ombre au candidat rose. Les écologistes ne veulent pas être accusés ensuite d’avoir favorisé la victoire de la Droite avec une tête de liste trop charismatique.

2. Gérard Onesta est un leader : Il était vice-président au Parlement Européen, mais il a du laisser ce poste où il était reconnu à J Bové en 2009 (pour éviter que ce dernier ne parte tout seul contre les Verts comme en 2007). Il a reçu en lot de consolation une vice présidence au Conseil Régional Midi-Pyrénées où un mode de scrutin favorable et un Martin Malvy magnanime l’ont entouré d’une quinzaine de collègues verts, ce qui en fait un groupe respectable. Se retrouver adjoint de Pierre Cohen et chef d’un micro-groupe serait indubitablement une régression.

3. Pierre Cohen ne serait pas d’accord : Lors de ces dernières années, les Verts se sont comportés comme la « minorité de la majorité ». Cela ne donnera pas envie à Pierre Cohen d’avoir une opposition interne dirigée par Gérard Onesta. En effet celui-ci prend de la place et sait s’imposer médiatiquement, donc s’opposer plus efficacement aux socialistes.

4. L’opposition interne : Les actuels présidents des groupes écolo municipaux et communautaires perdraient leurs places sous les –rares– projecteurs et seraient remisés au rang de faire-valoir par un Gérard Onesta qui les surclasse. Sans compter qu’il prendrait une place éligible. Ces places étant très convoitées, cela provoquerait une levée de boucliers dans les couloirs (même si officiellement personne n’oserait se prononcer contre sa candidature).

5. Toulouse ne sera plus le centre : Après l’amorce des cantonales de 2011, 2014 verra le centre de l’écologie locale migrer à Colomiers. Colomiers risque en effet d’avoir plus d’élus écolos que Toulouse. Le groupe columérin étant relativement indépendant, Gérard Onesta risquerait de perdre la face du fait du changement de ce rapport de force interne. Par exemple si son autorité était remise en cause dans l’entre-deux-tours ou ensuite au Grand Toulouse.

6. La campagne sera difficile : Avec un groupe de militants microscopique et en partie inexpérimenté (et pouvant éventuellement contester l’autorité de Gérard Onesta), des moyens financiers ridicules (EELV est en quasi-faillite depuis plusieurs années), un bilan des élus sortants famélique et difficilement valorisable, une liste concurrente potentiellement menée par une élue verte dissidente, cette campagne risque d’être très difficile pour les Verts et possède tous les ingrédients nécessaires pour se transformer en fiasco « evajolyesque ». Plutôt que de s’embourber et ternir son image dans ce prévisible Trafalgar électoral, Gérard Onesta a plus intérêt à conserver son statut de chef victorieux et respecté pour un combat ultérieur plus intéressant.

Rationnellement, Gérard Onesta n’a donc que très peu de raison de mener la liste verte à Toulouse en 2014. Ajoutons à cela qu’il n’a pas forcément envie de s’encombrer du poids d’une telle campagne. Tant-pis pour les journalistes, et pour les sympathisants. »

 

Chronique signée par Julien Faessel, ancien secrétaire d’Europe Ecologie les Verts à Toulouse que vous retrouverez un jeudi sur deux sur Toulouse Infos ou sur son blog http://julienfaessel.wordpress.com/.