EELV : La stratégie de l’échec

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Comme chaque jeudi, Toulouse infos vous propose sa chronique politique. Aujourd’hui Julien Faessel, ancien secrétaire d’Europe Ecologie les Verts à Toulouse vous fait entrer au cœur des « petits arrangements entre amis » de son parti. Il revient notamment sur la campagne des dernières élections législatives. Alors quand les Verts racontent les Verts, cela donne ça…

 

« Bien souvent, à promouvoir des intérêts particuliers on sacrifie l’intérêt collectif. Les écologistes du département ont été confrontés à ce type de situation à l’occasion des élections législatives 2012. Mi-2011 les discussions avec le PS sont bien avancées pour savoir quelle circonscription ces derniers laissent pour envoyer un écologiste local à l’Assemblée dans le cadre de l’accord national.

2 Circonscriptions sont alors négociées:

– la 31-3, Toulouse Est, considérée comme taillée sur mesure pour un candidat de Droite, et qui comprend Balma, dont le maire-conseiller général PS (donc bien implanté localement) veut être élu député. De plus, Pierre Cohen, maire de Toulouse et député sortant, a annoncé son opposition à la candidature d’un écologiste sur cette circonscription.

– La 31-9, Toulouse Sud-Est, autour de Ramonville, nouvelle circonscription donc sans élu sortant, acquise à la Gauche et sans notable socialiste local d’importance.

Le choix de la circonscription est primordial. La 31-9 semble le meilleur choix pour EELV, mais signifie la candidature d’un Ramonvillois, élu local depuis 30 ans. François Simon (ancien socialiste arrivé à EELV en 2008-2009) ne pouvant espérer être candidat et élu uniquement sur la 31-3, c’est finalement cette dernière qui a été négociée, ou imposée selon certains.

Le processus de désignation fin 2011 est d’une complexité inouïe. 1 vote local, 1 vote régional et 1 vote national de liste, tous indicatifs. Puis 1 vote décisif à Paris par les représentants nationaux (dont fait partie F Simon) pour choisir parmi les 4 premiers du vote local. Mais les dés sont en réalité jetés bien avant.

José Bové déclare en effet à ses collègues du Parlement Européen à l’automne 2011 que « cela ne sert à rien de voter puisqu’on connait déjà le candidat ». L’actuel secrétaire national d’EELV m’a confirmé cette déclaration lors d’un passage à Toulouse. Il m’a indiqué en outre que les candidats ayant une chance d’être élus dans toute la France (entre 30 et 60) ont été choisis secrètement dès la fin de l’été 2011.

Lors du vote des militants, F Simon arrive dernier sur 6 (donc théoriquement éliminé puisque ne figurant pas dans les 4 premiers), avec presque 4 fois moins de voix que la première, conseillère municipale toulousaine. Le niveau régional propose donc une femme comme candidate. Mais à Paris c’est malgré tout F Simon qui est choisi.

Il se retrouve donc candidat, mais il est isolé. Très peu de militants écologistes se mobilisent pendant sa campagne. Les militants et l’appareil socialiste freinent eux des 4 fers, et pour certains, font même activement campagne pour le maire de Balma. Ce dernier affirme (probablement à raison au vu des évènements) être la meilleure chance de victoire pour la Gauche. F Simon est toutefois confiant. Il commence à chercher des assistants parlementaires et il va même jusqu’à me déclarer à la sortie d’une petite réunion que s’il n’est pas élu cette fois, il arrête la politique et va vivre à la montagne.

Lors de l’élection en juin 2012, F Simon arrive deuxième d’une courte tête au premier tour, mais subit au deuxième tour une abstention massive à Balma et il perd l’élection. Il perd malgré son étiquette PS, malgré une campagne où il défend exclusivement les propositions de F Hollande (et non celles d’EELV) et malgré un score favorable du nouveau président élu un mois plus tôt.

Sur la circonscription 31-9 le responsable national des élections du PS s’est auto-parachuté après le vote des militants (en prenant prétexte du manque de consensus des différentes candidates en lice) et il a été élu très facilement. Pour la petite histoire ce « Monsieur élection » socialiste et F Simon ont un proche ami commun à Toulouse. Le monde est petit.

Ces 2 circonscriptions qui ont été discutées ont donc vu un drôle de manège. Les votes internes des militants écologistes et socialistes ont été mis de côté au profit de notables internes ayant le bon réseau. Pas sûr que ces ambitions personnelles aient servi l’intérêt des militants et des toulousains. »

 

Chronique signée par Julien Faessel, ancien secrétaire d’Europe Ecologie les Verts à Toulouse que vous retrouverez un jeudi sur deux sur Toulouse Infos ou sur son blog http://julienfaessel.wordpress.com/.