Municipales 2014 : Pierre Cohen était-il à la hauteur ?

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L’évocation de l’affaire Tisséo dans ma dernière chronique amène à poser la question ultime : Pierre Cohen était-il l’homme de la situation ? Il n’y a en effet eu affaire Tisséo qu’à cause des relations difficiles entre le maire et le président de Tisséo vert de l’époque. Si cela avait été un phénomène isolé cela n’aurait pas été très grave. Mais force est de constater que l’ancien plus grand cumulard de France ne doit pas être facile au niveau relationnel, au vu des nombreuses brouilles qui ont animées son mandat.

 

Puisqu’il ne met pas de talonnettes, j’estime que Pierre Cohen ne porte que peu d’importance à la question de la taille. Je pourrais donc user du champ lexical correspondant à ma guise, j’espère sans risque de le fâcher. Constatons qu’en 2008, notre maire est un petit poucet au sein de son parti, le mastodonte rose qui dans notre région est un état dans l’État grâce à son statut de parti quasi unique. Les deux étalons locaux sont les vaillants papys Malvy et Izard, toujours gaillards, mais au style diamétralement opposés. Le consensuel et populaire président régional s’oppose au clivant et autoritaire président départemental.

Disons-le tout net, Pierre Cohen aurait dû faire du Malvy, il l’a joué Izard. L’élection de 2008 s’est jouée à un cheveu, l’antisarkozysme étant probablement l’élément clé du scrutin. Cette victoire étriquée (et en partie inespérée) aurait dû rendre modeste le nouveau dirigeant du Capitole. Au contraire, la majorité municipale a été prétentieuse et a usé de la méthode de la table rase et du bulldozer. Une vision dogmatique de posséder la vérité absolue et une volonté forte de « tourner la page » ont provoqué un profond malaise au sein de la population. Il est probable que les Toulousains de Gauche (qui en partie votaient Baudis aux Municipales, ne l’oublions pas) ne souhaitaient pas la révolution ou un lider maximo. Ils avaient attendu en vain Martin Malvy, ils ont eu droit au fils caché de Pierre Izard.

On ne conduit pas une mobylette comme un camion. De même on ne gère pas une petite ville comme une métropole. Pierre Cohen était apprécié à Ramonville, peut-être n’avait-il tout simplement pas les épaules pour Toulouse. Il est regrettable qu’il ait constamment réglé  les problèmes par le conflit, ayant visiblement peur qu’on lui fasse de l’ombre. Le départ à la région précipité de l’appréciée Nicole Belloubet (alors 1ère adjointe) est le plus marquant de cette incapacité au consensus. Notons également l’éviction du communiste Sellin un an avant les Municipales, ou les difficultés à gérer les élus verts turbulents mais inexpérimentés, on a là un chef d’orchestre dépassé par les évènements, et une majorité qui rame dans tous les sens. Le plus affligeant est de voir se créer une cour hypocrite de flatteries, composé des troisièmes choix du PS local qui se voient propulser aux commandes de notre ville.

Au final, Pierre Cohen a plus fait parler de lui pour sa boulimie cumularde de mandats et ses esclandres à répétition avec ses amis, que pour ses réalisations et les politiques mises en oeuvre. Cela n’effacera pas certaines réalisations intéressantes, mais il est probable que le maire actuel sera classé avec Douste-Blazy plutôt qu’avec Baudis. À Toulouse la rose, avec un peu de doigté, Pierre Cohen aurait pu se créer un fief imprenable. En hussard maladroit il arrive à la fin de son mandat en position très délicate.

 

Chronique signée par Julien Faessel, ancien secrétaire d’Europe Ecologie les Verts à Toulouse que vous retrouverez un jeudi sur deux sur Toulouse Infos ou sur son blog http://julienfaessel.wordpress.com/.