Municipales 2014 : la gauche toulousaine « se divise pour mieux perdre ? »

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« La leçon n’est pourtant pas compliquée à retenir, et le 21 avril 2002 ne sera pas oublié de sitôt. Et pourtant… Tout porte à croire que l’actuelle majorité municipale va exploser et se présenter divisée en mars 2014.

 

Pierre Cohen sera le favori à gauche, il aura derrière lui son parti (PS) et ses alliés proches (PRG et PCF). Malheureusement pour lui, nul ne sait dans la rue que le PRG existe, et peu croient que le PCF vit encore. Il ne réussira donc pas à donner l’illusion du rassemblement en s’entourant de coquilles vides.

EELV présentera une liste malgré ses moyens humains très faibles et ses finances faméliques. Sans compter le manque flagrant de notoriété des candidats possibles ni de l’incohérence d’attaquer ainsi son allié gouvernemental. Les élus verts veulent se venger de  l’équipe Cohen, mais ils veulent aussi garder leur place au Capitole. Ils jouent donc la carte de la surenchère en rêvant au score des Européennes de 2009.

Le Parti de Gauche tentera de surfer sur la vague Mélenchon et de récupérer les militants PCF déçus de l’alliance de leurs élus avec les socialistes au premier tour. Il pourra aussi fédérer autour de lui les déçus du gouvernement, mais trop de critique des socialistes nuira au rassemblement de second tout. Là aussi le manque de notoriété de la tête de liste sera un frein, mais il sera en partie compensé par la locomotive Mélenchon.

 

Pierre Cohen porte la principale responsabilité dans cette situation

Un tel scénario est catastrophique pour les socialistes. En effet, comment veulent-ils convaincre les électeurs s’ils ne sont même pas capables de convaincre les élus de leur propre majorité ?

En tant que chef de la majorité, Pierre Cohen porte la principale responsabilité dans cette situation. Il s’est comporté de façon autoritaire avec ses turbulents alliés. Il agissait comme  pourrait le faire quelqu’un élu triomphalement au premier tour, alors qu’il a été élu par accident en 2008 grâce au début de mandat calamiteux de Nicolas Sarkozy.

Pierre Cohen aurait pu faire de Toulouse un solide fief qu’il aurait pu gouverner sereinement jusqu’à sa retraite. Au contraire, l’image donnée a été celle de l’éternel conflit interne entre les composantes de la majorité qui n’hésitaient pas à régulièrement déballer leurs oppositions dans la presse. Les psychodrames pour des sujets sans intérêts pour les Toulousains se sont succédés à un rythme soutenu durant le mandat.

Après tant de frictions, les militants des autres partis de gauche veulent en découdre avec les socialistes pour se venger. Pierre Cohen aurait du s’inspirer de la gestion bonhomme de Martin Malvy qui fait consensus autour de sa personne. Il a au contraire suivi l’exemple de Pierre Izard qui est beaucoup plus clivant et use du conflit comme un mode de gestion quotidien.

 

Comme à Barcelone ?

Maintenant que l’épouvantail Sarkozy n’est plus là, il sera difficile pour le PS dans ce contexte de mobiliser ses réserves théoriques au deuxième tour. La nostalgie de la « normalité » incarnée à Toulouse par les Baudis et le désenchantement de l’électorat de gauche déçu du Mou Président auront probablement des conséquences fortes. Cela pourrait se compter en milliers de voix, principalement de l’abstention-sanction. La division de la majorité sortante ne fera que renforcer le sentiment de lassitude des Toulousains.

Une situation semblable existait dernièrement à Barcelone, dirigée par le « tripartit » rose-rouge-vert. Les constants désaccords entre les membres de cette majorité de gauche ont provoqué sa chute et la victoire du centre-droit aux dernières élections municipales. Les mêmes causes auront-elles les mêmes conséquences à Toulouse que chez sa grande sœur catalane ? »

 

Chronique signée par Julien Faessel, ancien secrétaire d’Europe Ecologie les Verts à Toulouse que vous retrouverez un jeudi sur deux sur Toulouse Infos ou sur son blog http://julienfaessel.wordpress.com/.