La cigale du Gers et la fourmi d’Auch

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Dans la ville de d’Artagnan, on aurait pu s’attendre à une histoire de mousquetaires. Je vais plutôt vous conter une version contemporaine de la cigale et de la fourmi. Vous vous doutez bien qu’en politique ce ne sont pas toujours les plus besogneux qui se retrouvent en haut de l’affiche. En cette époque où des présumés chanteurs médiatisés deviennent des artistes respectés, une cigale a malheureusement plus de chance de réussir qu’une honnête fourmi.

 

Dans le Gers, EELV32 est encore pire que les Verts toulousains, c’est dire si c’est gratiné. Les militants verts y sont si peu nombreux qu’ils arrivent péniblement à la quinzaine sur tout le département. Effectifs misérables dues en partie à la cigale de cette histoire. Cette cigale a beaucoup chanté (et accessoirement a fait adhérer des membres de sa famille, pratique verte commune), et elle est devenue conseillère régionale en 2010. Mais même en cherchant bien (jusque sur son blog), on ne trouvera rien de concret qu’aurait réalisé cette cigale pour la collectivité, que ce soit au sein d’une association, ou en tant qu’élue. Au contraire, elle a été très active au sein des Verts pour faire le vide autour d’elle (notamment en tant que secrétaire départementale), et pour pouvoir avoir une place au chaud au Conseil Régional. Depuis maintenant plusieurs années, son activité principale consiste à éviter qu’un concurrent ne vienne menacer sa rente, si durement acquise.

À Auch, puisqu’il est question de cette ville (au moins vous aurez appris quelque chose en lisant cette chronique, Auch est la ville de d’Artagnan), une fourmi besogneuse est à l’œuvre depuis des années. En 1997, elle participe à la création de Philajeune et de la 1ère exposition d’Artagnan à Auch. Entre 1999 et 2001 notre soldat fourmi est élu représentant étudiant à l’université Toulouse 3. Depuis 2000, elle est impliquée  dans l’organisation de BD en Gascogne à Eauze, le plus grand festival de bande dessinée du département. Entre 2002-2007, elle est responsable de l’Association pour Faciliter l’Insertion des Jeunes diplômés (AFIJ Gers) à Auch. En 2003, elle est co-fondateur des Journées de l’Europe à Auch, qui ont fêté leurs 10 ans cette année. En 2003, elle devient administrateur au Conseil de Développement du Pays d’Auch, et en est aujourd’hui vice-président. En 2008, elle est tête de liste écologiste aux municipales à Auch. En 2008 également, elle devient président de l’association Philajeune. En 2011, elle permet la victoire de la gauche dans un canton historiquement à droite (et reçoit pour cela les remerciements de Philippe Martin). Elle devient également président de l’association Auch Éco Citoyenne. Administrateur de l’Air des Balkans, la fourmi participe depuis de longues années à l’organisation du festival Welcome In Tziganie (le plus grand festival de musique d’Auch). En 2012, elle est membre fondateur d’Auch Territoire en Transition. En 2013, elle est représentant national au comité de pilotage occitaniste Bastir. Tout cela en bénévole. On peut donc dire sans trop avoir à se forcer, qu’on a affaire là à quelqu’un d’engagé localement.

Et qu’à fait la cigale vis-à-vis de cette fourmi ? Vous vous doutez bien qu’elle ne s’est pas inscrite dans une démarche constructive. Nuit et jour à tout venant, la cigale magouillait ne vous en déplaise. En 2010, pour ravir la place éligible au Conseil Régional dans le Gers. En 2011 et 2012 pour empêcher la fourmi de se présenter à Auch aux élections cantonales puis aux législatives. Il est vrai qu’à présenter des gens impliqués localement on risque de faire des bons scores… Et depuis quelques mois, on assiste à un florilège de manœuvres, de magouilles, de ragots, de diffamation, de propagation de rumeurs, tout ce qui est détestable en politique. Les statuts des Verts prévoient que ce soient les militants de la localité qui choisissent leur stratégie et leurs candidats ? La cigale, qui habite à l’autre bout du département, choisit pour Auch et parachute ses amis (profitons-en pour féliciter les socialistes auscitains qui se sont fait avoir, puisqu’ils ont donnés plus de places éligibles aux Verts que ce parti ne compte de militants dans la ville…).  La fourmi apparaît trop dans la presse locale ? La cigale demande purement et simplement à la Pravda locale de le bannir des publications. La fourmi s’engage en faveur de la défense de l’identité occitane ? La cigale se découvre régionaliste et mobilise son carnet d’adresse pour empêcher la fourmi d’obtenir le soutien occitan. La cigale ne respecte pas les règles d’EELV ? Elle demande l’exclusion de la fourmi qui a annoncé son intention de présenter une liste éco-citoyenne. La cigale n’a rien fait en trois ans et demi pour justifier ses 2000€ d’indemnité mensuelle d’élue régionale ? Elle déclare pour faire diversion que la fourmi est à la tête d’une coquille vide qui n’a aucune légitimité (sic). Gageons qu’elle s’y connait en coquille vide et en manque de légitimité. Et jour après jour elle diffuse et fait diffuser des mensonges sur le compte de la fourmi. Auprès de ses collègues du Conseil Régional. Auprès des médias. Auprès des autres écologistes (jusqu’à Castelnaudary!). Auprès des socialistes.

Et lorsque la cigale ne crache pas son venin, elle participe de temps en temps à des votes sur internet, comme le vote de la Gersoise de l’année par exemple. Et si certains peuvent légitimement s’étonner qu’elle recueille de nombreux votes, c’est qu’elle peut compter sur le soutien de ses collègues verts régionaux qui n’y vont pas par quatre chemins. Ils appellent en effet purement et simplement à bourrer les urnes. Au moins est-on certain des techniques utilisées par la cigale lors d’un vote qui la concerne.

Pendant ce temps, la fourmi continue son travail de terrain. Vendredi 13 décembre 2013, elle a présenté un carnet de timbre représentant le patrimoine municipal, et ainsi participer à la valorisation culturelle du territoire. Et en tant que co-organisateur de l’évènement, cette fourmi besogneuse a accueilli le maire d’Auch au musée municipal en milieu de journée. Fourmis et cigales ont vraiment deux façons diamétralement opposées de faire de la politique. Et à EELV, le bonheur n’est pas dans le Gers, non plus.

 

Chronique signée par Julien Faessel, ancien secrétaire d’Europe Ecologie les Verts à Toulouse que vous retrouverez un jeudi sur deux sur Toulouse Infos ou sur son blog .