Meurtre de Bouloc: « il faut diffuser ce portrait-robot pour faire avancer l’enquête »

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Le 29 mars 2011, le corps de Patricia Bouchon était retrouvé sous un pont à une douzaine de kilomètres de son domicile boulocain. Cette mère de famille avait disparu six semaines auparavant au cours d’un jogging matinal. Depuis plus d’un an et demi, l’énigme reste entière. Les seize limiers chargés de l’enquête n’ont toujours pas identifié l’auteur de ce meurtre particulièrement sauvage, ce malgré des investigations acharnées. Mais l’existence d’un portrait-robot, celui d’un suspect aperçu au matin de l’agression par un chauffeur-livreur, a récemment été révélé dans la presse. Un croquis présenté à de nombreux habitants de la région ainsi qu’aux proches de la victime. Sa fille Carlyne réclame sa diffusion. Entretien.

 

Toulouse Infos: « Depuis quand avez-vous connaissance de l’existence de ce portrait-robot ?

Carlyne Bouchon: Personnellement, je l’ai su environ une semaine avant la marche blanche en l’honneur de ma mère, en février dernier. Mon père et ma tante étaient déjà au courant. Je pense qu’ils ont voulu me protéger. Les inspecteurs, eux, l’avaient en main dès mars 2011, soit trois semaines après la disparition.

T.I: A partir de quels éléments a t-il été réalisé ?

C.B: Il provient du témoignage d’un chauffeur de camionnette, qui circulait avenue de Fronton environ dix minutes avant l’heure présumée de l’agression. Il a croisé la route d’un conducteur arrêté en plein milieu de la chaussée, moteur et feux éteints. Je ne peux dire avec certitude que cet homme est suspect, mais il est au moins un témoin très important. A partir du moment où il ne s’est jamais manifesté, on peut se poser la question de savoir qui il est.

T.I: Vous avez vu ce portrait-robot, qui vous parait relativement fiable. Est-ce un avis partagé par les enquêteurs ?

C.B: Les souvenirs sont vagues. J’étais traumatisée, je ne me souviens de pas grand chose. De plus, je ne savais pas à ce moment-là que ce portrait existait. La juge, le colonel et les personnes importantes de la cellule d’enquête étaient présentes. S’il était insignifiant, pourquoi l’auraient-ils montré à autant de personnes ? Ce que je peux dire, c’est qu’il s’agit d’un homme d’une trentaine d’années avec des yeux en amande. Son teint est particulier. Il n’est « pas blanc de peau » selon les termes exacts formulés par les gendarmes.

T.I: Comment se fait-il que ce portrait-robot réalisé dès mars 2011 n’ait toujours pas été rendu public ?

C.B: C’est le parquet qui bloque sa diffusion, pour des raisons inconnues. Nous n’avons aucune réponse de leur part malgré nos demandes incessantes. Les enquêteurs souhaiteraient pourtant qu’il en soit autrement. Mais je n’ai pas envie non plus d’accabler le parquet. Nous avons eu la chance que cette affaire ait été prise au sérieux dès le début et c’est aussi grâce à ça que le corps de ma mère a été retrouvé. Nous leur serons toujours redevables.

T.I: La diffusion de ce croquis dans la presse aurait-elle un réel impact ?

C.B: Qu’il soit bon ou pas, il faut que ce portrait-robot soit diffusé. Il pourrait permettre de faire avancer l’enquête et de fermer des portes. Beaucoup de personnes dans l’agglomération pensent que cette affaire est résolue puisqu’ils n’en entendent plus parler. D’autres pensent surement que ce qu’ils ont pu voir est sans intérêt. Ils ont peut-être peur de se libérer. Aujourd’hui, les témoins ne vont pas vers la gendarmerie, il faut aller vers eux. Ce n’est qu’en en parlant que les choses peuvent bouger.

T.I: Quel message souhaiteriez-vous adresser à l’opinion ?

C.B: Je voudrais d’abord dire à ces gens méchants qui regardent mon père avec des yeux suspects d’arrêter de nous faire encore plus de mal. Mon père est tout ce qu’il me reste. C’est très dur pour lui et pour moi. Mais je veux avant tout que les gens réagissent. Il est difficile d’imaginer que celui qui a fait ça à ma mère est une personne humaine. C’est quelqu’un qui a un problème et qui recommencera. Si ce portrait-robot peut permettre d’éviter que cet acte ne se reproduise, alors il faut essayer. »

 

Propos recueillis par Christophe Guerra

 

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