Benoît Bougerol : « Privat a la capacité de doubler son chiffre d’affaires »

552

Menacée de fermeture en avril, la librairie Privat entame sa mue la semaine prochaine. Reprise par le propriétaire de la Maison du Livre à Rodez, Benoît Bougerol, ce dernier se donne une grosse semaine pour mette en place la nouvelle organisation et table sur une progression de 30 % du chiffre d’affaires en deux ans. Entretien.

 

Toulouse Infos : Vous possédez actuellement la Maison du Livre à Rodez, qu’est ce qui vous a motivé à reprendre Privat ?

Benoît Bougerol : C’est sentimental, mais tout en restant raisonné. Je suis toulousain d’origine et une partie de ma famille réside dans la ville Rose, de plus j’ai longtemps été libraire dans cette ville avant d’aller m’installer à Rodez. Depuis mon enfance, je connais l’histoire et ce que représente historiquement Privat. Après la fermeture du Virgin et de Castella, je ne pouvais pas ne pas examiner le cas de cette librairie afin de voir s’il n’y avait pas quelque chose à faire. C’est donc une alchimie entre des risques raisonnés et une partie affective qui motive cette reprise.

T.I : Privat va fermer ses portes lundi : pour combien de temps et pourquoi ?

B.B : Nous allons faire des tests sur notre nouvelle infrastructure informatique et faire en sorte que tout soit parfaitement organisé pour la réouverture. Nous ne voulons pas nous précipiter. Les anciens occupants vont aussi déménager leur système informatique et logistique. Nous rouvrirons aux alentours du mardi 8 octobre ou avant si possible. Pour ce qui est de la boutique qui vend les ouvrages de sciences et de médecine, nous allons la laisser ouverte afin que la rentrée universitaire ne soit pas bouleversée pour les étudiants. Pour nous, cela impliquera par contre de travailler comme 20 ans en arrière, sans système informatique.

T.I : Vous avez repris Privat avec tout son personnel et vous avez effectué des travaux. Vous prenez beaucoup de risque pour une librairie qui est en déficit depuis maintenant quelques années…

B.B : Si l’on regarde bien, on se rend compte de manière très nette que c’est à partir de 2010 que la librairie est entrée dans une période de crise. De plus, les deux tiers du déficit étaient générés par les frais de fonctionnement du groupe. Nous partons donc avec simplement un tiers du déficit à couvrir. Le marché du livre est en crise, c’est indéniable, mais les chiffres d’affaires à Toulouse sont en deçà de la moyenne française, et je pense que Privat a la capacité de doubler son chiffre d’affaires. Nous pouvons faire en sorte que le marché du livre atteigne des chiffres comme ceux de Bordeaux ou d’autres grandes villes, c’est le défi à venir.

Certes certaines marques de grande distribution rencontrent de grandes difficultés, mais la force des indépendants est de proposer un service de proximité, de choix et de conseil que les grands groupes ne peuvent pas forcement proposer, et nous travaillons afin que Privat soit plus performante dans ces domaines. De plus je ne suis pas seul dans l’aventure, j’ai la chance d’avoir 3 autres partenaires avec moi et de nombreux proches dans la ville rose qui croient en ce projet.

T.I : Quels sont vos objectifs pour l’année à venir ?

B.B : Nous avons besoin d’une courbe de progression de 20 % si nous voulons garder la tête hors de l’eau, et nous espérons faire passer le chiffre à 30 % dans deux ans. En France, plus de 200 livres apparaissent chaque jour et les médias ne relayent la sortie que d’un millier d’entre eux chaque année. C’est aussi pour ça que les boutiques indépendantes existent. De plus, la politique de prix unique instaurée par l’état permet d’assurer une certaine survie au milieu du livre et nous pouvons remarquer que les indépendants sont plutôt stables face aux grands groupes.

Nous allons aussi revendre le local sciences et médecine début 2014 afin tout avoir dans un seul et unique lieu. Cela permettant des économies et de remettre à son emplacement historique ces ouvrages universitaires.

 

Propos recueillis par François Nys