BHNS à Lardenne : « plus personne ne s’arrêtera ici, ce projet va tuer le commerce »

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L’agglomération de Toulouse souhaite mettre en place une ligne de bus à haut niveau de services entre la gare Matabiau et Plaisance-du-Touch. Traversant le quartier de Lardenne, elle provoque depuis plusieurs mois la colère des habitants du quartier qui craignent de le voir mourir à petit feu.

 

Le « petit village » de Lardenne a la veine temporale bien gonflée. Suite à l’annonce du projet de voie en site propre qui devrait traverser le quartier, riverains et commerçants ont décidé de taper du poing sur la table. Tout le long de l’avenue, des banderoles flottent, scandant des slogans qui témoignent de la colère des commerçants. « C’est aberrant » s’exclame Caroline Delgrange, fleuriste de l’avenue de Lardenne, « plus personne ne s’arrêtera ici, ce projet va tuer le commerce ». Plus loin, la boucherie/charcuterie fait le même constat. « Deux ans de travaux, c’est insurmontable. Si le projet est bel et bien validé, on peut d’ores et déjà mettre la clé sous la porte » affirme Marie Bedat.

Le budget : 180 millions d’euros, donne aussi quelques sueurs froides aux riverains. « En toute franchise, je ne vois pas l’utilité » explique Franck Pothier, accoudé à son comptoir, qui devra sacrifier la quasi-totalité de sa terrasse. « On a déjà le 65 et le 46 qui passent dans le quartier. Ils sont pleins le matin, mais à partir de 10h, il n’y a plus personne qui les empreinte ». Tout cela pour finalement gagner un quart d’heure sur le trajet total.

 

L’avenue de Lardenne : future autoroute ?

Les bus à haut niveau de services seront autorisés à atteindre les 70km/h en ville. À raison d’un bus toutes les cinq minutes, « l’avenue va devenir une autoroute » s’exaspère Marie Bedat. « D’autant plus que les gens ne pourront plus se garer ». Une réunion a déjà été organisée, mais elle n’a pas réussi à apaiser les inquiétudes. « J’ai l’impression que tout est déjà décidé » déplore Caroline Delgrange.

Il existe tout de même une poignée de riverains satisfaits. C’est le cas d’Yves Rouxel. Selon lui, « les commerces fonctionnent grâce aux riverains. Ce projet est nécessaire, il permettra de désengorger l’avenue » termine-t-il.

 

Rémi Beaufils