EELV : ces procurations qui « faussent l’élection interne »

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Le 5 Septembre dernier, l’ancien secrétaire d’Europe Ecologie les Verts à Toulouse Julien Faessel dénonçait dans sa chronique bimensuelle « les magouilles et le tripatouillage » courant lors des élections internes à EELV. Quelques jours plus tard nous avons publié un droit de réponse de la fédération qui remettait en cause l’« objectivité » de notre chroniqueur. Voici sa réponse.

« Le droit de réponse d’EELV Toulouse à ma dernière chronique ne peut que laisser sceptique. Quel peut bien être l’objectif de ces contre-vérités et de ces comparaisons tellement maladroites ? À croire qu’ils aiment tendre le bâton pour se faire battre…

J’avais expliqué mon parcours précédemment. Je n’ai pas démissionné à cause d’un prétendu conflit avec le bureau. J’ai démissionné à cause d’une campagne de harcèlement. Pensant faire de la politique autrement, j’ai en effet vivement critiqué et tenté de remédier au gouffre démocratique d’EELV : le clanisme exacerbé, les élections arrangées, le copinage généralisé, le non-respect des propres statuts du parti pour avantager les copains des chefs, l’absence de volonté de lutter contre la fraude électorale interne, etc. De même, j’ai demandé des vrais bilans qui n’ont pas été faits, tant des campagnes électorales que de l’activité des élus municipaux et régionaux.

En tant que citoyen engagé je dénonce des dérives dont j’ai connaissance. La gestion des collectivités nous concerne en effet tous et le scrutin dont il est question ici vise à désigner des personnes aspirant à gérer notre collectivité. Certains à EELV Toulouse peuvent être tentés de réécrire l’histoire à leur avantage, je ne peux que leur conseiller de s’atteler à écrire leur programme avec davantage de sérieux que leurs droits de réponse.

Le débat actuel autour des lanceurs d’alerte trouve ici un écho certain. Les Verts aiment en promouvoir certains, mais estiment que s’intéresser à leur marigot est un acte de malveillance. Principe de précaution pour certains, prophète de malheur pour d’autres. EELV Toulouse montre donc son vrai visage au grand jour. Des on-dit ? Qu’espèrent les auteurs du droit de réponse ? Que je leur livre des noms ? Pour qu’ils puissent ensuite se venger sur les militants qui n’acceptent pas les dérives de leur parti ? Ces pulsions autoritaires sont effrayantes et ne font que confirmer ce que j’avance dans mes chroniques.

Pour ce qui est du mode de scrutin, les auteurs du droit de réponse semblent méconnaitre leurs propres statuts, alors même qu’ils les citent pour paraître sérieux. L’échelon local organise le scrutin selon les règles prévues et vote, il ne réécrit ni l’histoire, ni les statuts, ni les modes de désignations. Quelle démocratie si chaque petit groupe pouvait selon ses intérêts choisir tel ou tel mode d’élection ? Le fait qu’il ait été demandé à Gérard Onesta de travailler sur un obscur « dispositif de case » est donc extrêmement surprenant.

Il aurait été « plus professionnel » selon EELV Toulouse de demander une version officielle à recracher telle-quelle et de se passer d’analyse et de critique. Je n’ai visiblement pas encore le niveau pour travailler à la Pravda. Belle vision du journalisme qui, là aussi, en dit plus que tous les discours et tous les programmes sur une certaine vision de la société et de l’information.

Pour ce qui est des procurations, les auteurs du droit de réponse n’ont visiblement jamais vu comment cela se passait dans un bureau de vote. Y ayant officié à plusieurs reprises, j’ai été affligé en constatant le déficit démocratique du système de procuration à EELV. La comparaison avec le système de procuration en vigueur lors des élections françaises est donc pour ces raisons inappropriées.

Lors d’une élection institutionnelle, la procuration se fait au poste de police ou à la gendarmerie, on doit justifier son identité, et donner procuration à une personne précise. Les deux noms sont présents sur la liste d’émargement à l’ouverture du bureau de vote. Les procurations ne concernent généralement que moins de 1% des votes.

À EELV, on ne justifie jamais son identité. La procuration se fait sur un papier standard donné à un autre militant, sans aucune sécurité et donc facilement falsifiable. Il n’y a aucune indication de procuration avant le vote sur les listes d’émargement, et pour cause. La pratique courante veut, en effet, que la majorité des procurations arrivent sur le lieu de vote signées et vierges, sans le nom de la personne qui va voter et sont « distribuées » sur place. Il n’y a donc bien souvent aucun lien, ni consigne de vote entre celui qui vote et celui pour qui il vote (et donc aucun contrôle possible pour celui qui a donné procuration). Ce n’est donc pas la procuration qui est critiquable, mais la façon dont elle est utilisée à EELV. Elle y concerne habituellement entre 20% et 40% du total des votes exprimés, et il est donc courant que les procurations désignent le vainqueur.

Je connais bien ce sujet puisque j’avais proposé de limiter les fraudes potentielles en m’inspirant fortement du système de procuration tel qu’effectué par l’État. Je demandais que le militant indique à l’avance, depuis son adresse mail habituelle, au responsable du groupe et au permanent (double destinataire pour garantir la sécurité du processus), à quelle personne il donnait procuration. Ce système a été abondamment critiqué par Antoine Maurice (candidat à la tête de liste verte toulousaine, proche de la direction nationale), et par son entourage. Ils le jugeaient en effet anti-statutaire et « policier » (sic). Visiblement il y a eu un retour rapide au système de procuration sauvage, après ma démission.

Enfin, pour ce qui est de faire adhérer des animaux… Comme indiqué plus haut il n’y a pas de contrôle de l’identité des militants, à aucun moment. Le niveau régional valide une liste de noms, après avoir demandé s’il y a une opposition sur un ou plusieurs noms. Donnez un nom et un prénom à votre caniche, payez-lui sa cotisation et il recevra à votre domicile sa carte de membre EELV. Il pourra ensuite vous donner procuration pour voter à sa place. Personne ne le connait, personne ne s’opposera donc à son adhésion. Il pourrait même se présenter à une élection interne, prétendre un empêchement pour ne pas être présent physiquement, et potentiellement être élu… Ce ne serait d’ailleurs pas la première fois qu’un animal aurait des responsabilités.

Si ce sujet intéresse un journaliste « impartial », le prochain congrès d’EELV donne une réelle opportunité de tester si mes propos sont des on-dits ou des réalités. Rien de plus facile malheureusement à EELV que de faire des fausses adhésions et des fausses procurations, de faire voter des gens qui ne sont pas au courant, en gros de fausser une élection interne. Les congrès sont vraiment le moment idéal pour voir à l’œuvre le côté obscur et peu recommandable de la prétendue politique autrement (ce qui peut expliquer pourquoi les militants se détournent tant de ces élections internes). »