Privat-Chapitre Toulouse: entre fermeture et relance

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Depuis quelques jours, la librairie Privat située rue des arts au centre de Toulouse est menacée de fermeture. Une situation qui fait réagir Dominique Porté, client de la librairie depuis 1970 et lecteur de Toulouse infos.

 

« Plus que centenaire la librairie Privat-Chapitre à Toulouse, aussi emblématique que le cassoulet ou le rugby dans la ville rose, ce ‘phare culturel’, ce ‘pan du patrimoine’ régional pourrait disparaitre dans les mois qui viennent.

Une décision de céder  le bail pour environ 600 000 € par son actionnaire le fonds d’investissement (et non de pension) américain Najafi, ouvrirait les lieux à une activité commerciale à plus forte rentabilité.

Depuis le début des années 1980, Privat, grande et première librairie toulousaine, a perdu sa position de leader face à une concurrence innovante, a réduit sa part de marché et a vu sa place de phare culturel diminuer. Première conséquence: le rachat de la librairie indépendante Privat par un groupe à dimension internationale. De groupe en groupe, Privat aujourd’hui Chapitre appartient au groupe Actissia actionnaire Najafi.

La fermeture envisagée correspond à une perte récurrente de ce groupe sur son pole librairie depuis près de dix ans. Une expression de la crise du livre et de la librairie, nationale et européenne, illustrée en France avec le dépôt de bilan récent de Virgin,à Athènes  avec la fermeture d’Hestia autre librairie centenaire, et enfin à Toulouse avec les fermetures de Virgin et de Castela dans les douze mois passés.

Petite entreprise, Privat Chapitre Toulouse, au CA de 1.8 millions d’euros, avec une équipe de 13 personnes, est devenue au fil du temps  une société fragile, avec une faible espérance de rapport d’où le choix de cession du bail.

Cependant, cette librairie a trois atouts: un nom, un emplacement, quartier à population aisée) et un différentiel assez mince entre le revenu de la cession du bail (environ 600 000€) et le coût d’un arrêt de l’activité (licenciement: environ 400 k€ et autres dépréciations).

Au delà de toute déclaration incantatoire et au delà de possibles interventions miraculeuses de l’état ou de collectivités, ces trois atouts supposent : d’une part, une réelle réflexion quant au positionnement commercial de la librairie, tant depuis 25 ans la réalité est celle d’une maison en baisse tendancielle de parts de marché, d’autre part une capacité à trouver de nouveaux actionnaires prêts à négocier une reprise.

L’un n’ira pas sans l’autre, il n’y aura pas relance sans une meilleure adaptation aux attentes de la clientèle. »