Sortie EADS : les bénéfices du groupe Lagardère imposée qu’à 4% ?

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Arnaud Lagardère, PDG du groupe Lagardère a annoncé mardi 13 novembre 2012 la sortie «très probable» de son groupe du capital d’EADS. Une sortie qui pose quelques questions que soulève le député de Toulouse Jean-Luc Moudenc dans un communiqué.

« Tout comme l’Allemand Daimler, Lagardère a prévu de sortir du capital d’EADS. Dès le mois de décembre dernier, j’avais alerté le Gouvernement sur la nature de la réorganisation du capital et de la gouvernance d’EADS avec la sortie souhaitée de plusieurs actionnaires.

Lors d’une question au gouvernement, j’indiquais une contradiction : alors que des sources concordantes faisaient état d’une volonté d’EADS de racheter une partie de son capital, le PDG Tom ENDERS avait déclaré quelques mois auparavant que générer de la trésorerie « serait l’une des principales priorités d’EADS ».

Je n’avais alors pas eu de véritable réponse sur le fond par le Ministre des Finances. Les choses ont été rendues publiques depuis : EADS a bel et bien prévu de racheter les parts détenues jusqu’aujourd’hui par Lagardère. Or, l’Etat français a joué un rôle moteur dans la réorganisation de l’actionnariat  et de la gouvernance d’EADS.

Les conditions de ce rachat s’annoncent onéreuses pour EADS, extrêmement avantageuses pour  Lagardère et déplorables pour les finances publiques.

En effet, le montant du rachat global de 15% de son propre capital pourrait couter de 3 à 6 milliards d’euros à EADS.  Le seul rachat des 7,44% de Lagardère pourrait couter 2,5 milliards d’euros au cours actuel (12/03/2013) ce qui représente, pour avoir une idée plus précise des ordres de grandeur, 17.500 euros par salarié d’EADS.

Ces rachats significatifs pourraient, à terme, affecter EADS, en cas notamment de cycle conjoncturel contraint ou de grands programmes décalés dans le temps, voire freiner la recherche et le développement (clef de la compétitivité). Et je pense naturellement à l’ensemble des 140.000 personnes du groupe qui œuvrent au quotidien,  à Toulouse et ailleurs, aux  succès de ce fleuron industriel.

Pour Lagardère, l’intérêt de cette opération de rachat ainsi montée, c’est de ne pas avoir à subir d’éventuelles fluctuations des marchés boursiers.

Enfin, dernière singularité et non la moindre, c’est que les dispositions de la dernière Loi de finances  ne permettent pas de taxer de manière juste et proportionnée l’extraordinaire plus-value de 1,5 milliard d’euros (au cours du 12/03/2013) que pourrait engranger l’actionnaire sortant.

Au regard de l’ensemble de ces éléments, j’ai saisi, par écrit, le Président exécutif  d’EADS, Tom Enders – dont il convient de saluer les performances – pour savoir s’il était possible de réduire  le volume de ce rachat et de le décaler partiellement à 2014.

De même, j’ai écrit à Pierre Moscovici, Ministre de l’Économie et des Finances, pour savoir si une énorme plus-value ne serait imposée qu’à un faible taux de 4%, alors que le Gouvernement a voté ces derniers mois une trentaine de milliards d’impôts supplémentaires pour les Français.

Nul doute que l’assemblée générale extraordinaire des actionnaires d’EADS, le 27 mars prochain, entérinera très majoritairement le principe d’une modification de son actionnariat et de sa gouvernance.

Mais l’économie générale de cette évolution nécessaire justifierait-elle de dépenser plusieurs milliards de trésorerie pour le maintien « artificiel » d’un cours de bourse désormais élevé permettant, notamment, l’optimisation d’une plus-value extraordinaire avec l’assentiment d’un Gouvernement de gauche ?

Cette question, pour moi qui ai à l’esprit la volonté de préserver les assises du  développement et de la pérennité d’EADS, mérite d’être posée. »

 

Communiqué de presse