Philippe Lasterle : il faut « respecter la volonté des malades en fin de vie »

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Au terme de six mois de travaux, la commission de réflexion sur la fin de vie en France présidée par le professeur Didier Sicard a remis hier son rapport au Président de la République. Il préconise de « mieux faire droit aux attentes et espérances des citoyens à l’égard de la fin de vie ». Pour Philippe Lasterle, membre de l’UDI 31, « c’est une avancée importante ». Voici son communiqué :

« Si la loi LEONETTI (2005) a marqué une avancée indiscutable – elle a interdit l’acharnement thérapeutique, consacré le droit pour le malade de refuser un traitement dont il estime qu’il est devenu déraisonnable au regard des bénéfices qu’il peut en attendre, reconnu le droit pour le médecin d’interrompre ou de ne pas entreprendre des traitements inutiles ou disproportionnés ou qui n’ont pour seul but que le maintien artificiel de la vie et encadré l’acte médical visant à faire disparaître les douleurs – elle ne permet pas de répondre à toutes les situations de souffrances des personnes en fin de vie. Les familles impuissantes confrontées à des situations terriblement douloureuses de même que les équipes médicales le savent bien.

C’est pourquoi nombreux sont ceux qui, comme moi, considèrent qu’après le droit aux soins palliatifs reconnu en 2002 et le « laisser mourir » introduit par le législateur en 2005, il convient aujourd’hui de compléter la loi LEONETTI en reconnaissant aux personnes en fin de vie un droit au « suicide assisté ». A cette question fondamentale qui interpelle notre société, bouscule nos préjugés et nos croyances, le temps est venu d’apporter une réponse.

La mission confiée au Pr SICARD a permis d’éclairer sereinement ce débat éthique qui touche à l’essentiel. Le rapport SICARD ouvre la voie à cette évolution nécessaire. Je m’en réjouis à titre personnel car je considère, en tant qu’humaniste, qu’il faut aujourd’hui avoir le courage politique de donner un cadre légal au droit à mourir dans la dignité pour les patients atteints de pathologies incurables à un stade avancé ou en phase terminale qui en expriment ou en ont exprimé, en conscience, de façon explicite et réitérée la demande ainsi que pour ceux qui ne peuvent exprimer cette volonté mais dont l’état de santé est irréversible.

S’il est essentiel de promouvoir la démarche palliative et d’augmenter les moyens dédiés aux soins palliatifs afin de mieux accompagner médicalement et psychologiquement les patients en fin de vie et diminuer la part de ceux qui, dans cette phase, perdent le désir de vivre et en viennent à souhaiter mourir, il me paraît aussi indispensable de reconnaître le droit à finir sa vie dans la dignité et sans souffrance à ceux qui sont arrivés au bout du chemin .

C’est pourquoi je souhaite qu’une fois rendu l’avis du comité consultatif national d’éthique saisi par le Président de la République, des décisions concrètes soient prises afin de faire évoluer le cadre juridique de la fin de vie, d’améliorer l’information des patients sur les droits dont ils disposent en matière de soins palliatifs et de droit à vivre jusqu’au bout dans la dignité, de parfaire la formation initiale et continue des professionnels de santé (médecins, infirmières, aide-soignant) et de renforcer les moyens dédiés aux soins palliatifs ».