Philippe Lasterle : « Le temps est venu d’instaurer l’égalité de droits entre homosexuels et hétérosexuels »

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Le projet de loi ouvrant le droit au mariage et à l’adoption aux couples homosexuels, présenté hier matin en conseil des ministres, « marque une vraie  avancée  sur  le  chemin  de  l’égalité des droits entre homosexuels et hétérosexuels » selon Philippe Lasterle, membre de l’udi 31. Communiqué.

« Je souhaite qu’une fois amendé pour intégrer certaines dispositions qui n’y figurent pas (procréation médicalement assistée…), il soit voté par le Parlement et qu’ainsi prenne fin une discrimination devenue intolérable dans notre Etat de droit. Et j’espère  que  les  parlementaires  centristes  sauront dépasser les clivages partisans et approuveront le texte. Le débat national qui s’ouvre devra permettre d’éclairer nos concitoyens. Pour ma part, je considère que le clivage sur la question du mariage pour tous et de l’adoption par les couples homosexuels, comme hier celui sur la légalisation de la pilule (1967) et de l’avortement (1975) ou l’abrogation de la peine de mort (1981), est moins un clivage gauche/droite qu’un clivage entre progressistes et  conservateurs.

Ceux  qui  s’opposent  à  cette  réforme  sociétale  mènent  un  combat  d’arrière-garde. En prétendant que les nouveaux droits reconnus aux homosexuels menacent les fondements de notre société, ils s’arc-boutent sur une vision patriarcale de la famille déconnectée des évolutions récentes des structures familiales. Je les invite à porter leur regard au-delà des frontières hexagonales – huit pays européens (Espagne, Belgique…) ont, en effet, autorisé le mariage civil entre conjoints homosexuels – et à considérer le projet en discussion pour ce qu’il vise : donner un cadre juridique  protecteur au lien affectif et au désir de fonder une famille des couples gays et lesbiens. Quant aux personnalités (politiques ou religieuses) qui font d’inacceptables amalgames entre homosexualité, inceste, pédophilie et polygamie, elles ont démontré, par l’outrance de leurs propos, leur incapacité à débattre sereinement.

Ceux  qui  évoquent  l’intérêt  supérieur  de  l’enfant pour refuser l’adoption par les couples homosexuels ont  recours  à  un  argument  sans  fondement. Nonobstant le fait que l’homoparentalité est une réalité, les études dont nous disposons démontrent que les enfants élevés par deux parents de même sexe ne développent pas plus de troubles identitaires ou psychologiques que ceux élevés par un seul parent ou par deux parents de sexe opposé. C’est ce constat qui a conduit nos voisins belges, allemands ou espagnols à autoriser les couples homosexuels à adopter. C’est ce même constat qui a conduit la cour européenne des droits de l’homme, dans un arrêt du 22 janvier 2008, à considérer que « l’absence de référent paternel ou maternel » ne pouvait plus être invoquée pour justifier un rejet de demande d’adoption.

Dans quelques semaines, l’examen du projet de loi par le Parlement offrira aux progressistes qui sauront s’affranchir des clivages partisans l’occasion de faire avancer une nouvelle fois notre droit positif. En 1982, l’homosexualité était dépénalisée dans notre pays. Dix ans plus tard, en 1992, elle était retirée de la liste des maladies mentales. En 1999, l’instauration du pacte civil de solidarité donnait un cadre légal à la conjugalité homosexuelle. Depuis  cette date, nous n’avons connu  aucune avancée significative sur le chemin de l’égalité des droits entre homosexuels et hétérosexuels. L’interdiction du mariage civil entre personnes de même sexe demeure alors qu’elle méconnaît le principe constitutionnel d’égalité devant la loi posé notamment par l’article 6 de la déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789 qui dispose que la loi « doit  être  la  même  pour  tous ». Le  temps  est  donc  venu  d’instaurer  l’égalité de droits entre  homosexuels  et  hétérosexuels. »