70 ans plus tard la Lettre pastorale de Mgr Saliège garde toute sa pertinence

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Il y a 70 ans, le 23 août 1942, le Cardinal Saliège dans une lettre lue dans les églises de Haute-Garonne prenait position avec force et sans ambigüité face aux persécutions subies par les juifs. Les mots de cette « lettre sur la personne humaine » appartiennent à l’histoire universelle tant ils sont forts : Il évoque d’abord « les scènes d’épouvante qui ont lieu dans les camps de Noé et de Récébédou ». Il poursuit « les Juifs sont des hommes, les Juives sont des femmes, tout n’est pas permis contre eux, ils sont nos Frères. Il évoque enfin le fait que les « Juifs hommes femmes et enfants après avoir été séparés sont embarqués pour une destination inconnue ».

La veille son évêque auxiliaire Louis de Courrèges d’Ustou a été convoqué par le Préfet de Haute-Garonne nommé par le régime de Vichy, afin que cette lettre ne soit pas lue. Mgr Saliège passera outre et le Préfet fera tout pour interdire la diffusion de cette lettre. La famille de l’évêque De Courrèges vit toujours à St Michel dans le canton de Cazères

Lettre de Monseigneur Saliege Archeveque de toulouse sur la personne humaine

Mes très chers Frères,

Il y a une morale chrétienne, il y a une morale humaine qui impose des devoirs et reconnaît des droits. Ces devoirs et ces droits, tiennent à la nature de l’homme. Ils viennent de Dieu. On peut les violer. Il n’est au pouvoir d’aucun mortel de les supprimer.

Que des enfants, des femmes, des hommes, des pères et des mères soient traités comme un vil troupeau, que les membres d’une même famille soient séparés les uns des autres et embarqués pour une destination inconnue, il était réservé à notre temps de voir ce triste spectacle.

Pourquoi le droit d’asile dans nos églises n’existe-t-il plus ?
Pourquoi sommes-nous des vaincus ?
Seigneur ayez pitié de nous.
Notre-Dame, priez pour la France.

Dans notre diocèse, des scènes d’épouvante ont eu lieu dans les camps de Noé et de Récébédou. Les Juifs sont des hommes, les Juives sont des femmes. Tout n’est pas permis contre eux, contre ces hommes, contre ces femmes, contre ces pères et mères de famille. Ils font partie du genre humain. Ils sont nos Frères comme tant d’autres. Un chrétien ne peut l’oublier.

France, patrie bien aimée France qui porte dans la conscience de tous tes enfants la tradition du respect de la personne humaine. France chevaleresque et généreuse, je n’en doute pas, tu n’es pas responsable de ces horreurs.