Après 13 ans de présence en France, il est expulsé vers l’Algérie

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Voila ce qu’a voulu dire Kamel après son arrestation dans une rue de Toulouse totalement par hasard au début de l’été alors qu’il allait faire des courses pour son père. Il a voulu l’écrire aux juges, au Président de la République, aux journalistes, le crier à la terre entière qui n’en avait pas grand-chose à faire.

« Je m’appelle Kamel Daoud. Je suis entré en France en 1999 avec un visa. Depuis 13 ans, je vis en France de manière continue. Je vis à Toulouse auprès de mon frère et de mon père qui est de nationalité française depuis 1986 et ancien combattant dans l’armée française.  Je n’ai plus personne en Algérie, pays que nous avons définitivement quitté au décès de ma mère. Il ne me reste plus qu’un frère avec qui je n’ai plus de contact et une sœur résidente en Espagne.

J’ai tenté à plusieurs reprises de faire régulariser ma situation administrative mais la Préfecture a toujours refusé de me régulariser.

J’ai toute ma vie en France. Ma compagne, ma famille, ma maison. J’ai une promesse d’embauche.

J’ai été interpellé le 21 juin 2012 lors d’un simple contrôle d’identité et je suis retenu depuis 13 jours au centre de rétention de Cornebarrieu. Je suis maintenu dans une prison alors que je n’ai jamais commis le moindre délit ni en France ni ailleurs. Je m’occupe de mon père qui est âgé.

Depuis vendredi, j’ai cessé de m’alimenter pour protester contre le sort qui m’est fait. Je ne demande qu’à pouvoir vivre auprès de ma famille dans la dignité. »

Après 13 jours de grève de la faim, Kamel a perdu plusieurs kilos et toutes ses illusions.  Il a été expulsé en Algérie. Un pays qu’il ne connaît plus. Un départ sans vague dans le silence de la torpeur estivale.

 

Article rédigé par Pablo, membre de l’équipe de la Cimade qui œuvre au sein du centre de rétention de Cornebarrieu.