Une grande première en archéologie expérimentale au musée Saint-Raymond

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Image d’illustration. Photo / Crédit GK Vision

Le musée Saint-Raymond, musée des Antiques de Toulouse, prépare une exposition des plus inédites, L’Empire de la couleur. De Pompéi au sud des Gaules (15 novembre 2014-22 mars 2015). Elle s’inscrit déjà comme un événement à plus d’un titre : Toulouse n’avait encore jamais organisé un tel regroupement de fresques antiques.

 

Les peintures romaines exposées proviennent de Pompéi, de Rome, du golfe de Naples et des provinces romaines de Narbonnaise et d’Aquitaine. Des parois peintes de ce sud des Gaules, dont certaines ont été exceptionnellement remontées ou restaurées pour l’occasion, sont ainsi confrontées, de manière tout à fait inédite, à des « modèles » italiens dont les œuvres sont généreusement prêtées par le musée du Louvre et le musée archéologique national de Naples.

Durant l’Antiquité romaine, à l’image de nos préoccupations esthétiques contemporaines, chaque génération éprouvait le besoin de faire repeindre ses murs, selon la mode du temps. Mais la question sous-jacente de l’exposition demeure celle des ateliers et de la circulation de ces peintres-décorateurs qui ont permis la diffusion à très grande échelle des motifs, des grands tableaux mythologiques, des paysages ou des natures mortes, bien connus à Pompéi ou Herculanum. Ainsi peut-on constater, dans le sud des Gaules, d’un côté une grande fidélité et de l’autre une autonomie marquée à l’égard des des décors élaborés en premier lieu à Rome, centre du pouvoir.

Les sociétés grecques puis romaines ont présenté des habitats individuels et des bâtiments publics dont les murs étaient recouverts d’enduits puis peints. Cette « peau » de la paroi servait à la fois de protection et de support décoratif.

Les grecs ont largement entrepris de décorer les murs de leurs plus belles demeures et bâtiments aux IVe et IIIe siècle avant notre ère, cette inspiration est ensuite influencée en Italie au IIe siècle avant notre ère, au moment où Rome envahit les terres grecques et s’approprie les modes d’ornementation des intérieurs. Ce sont les classes sociales les plus aisées qui s’emparèrent du style grec, tant dans la décoration que dans le niveau de confort intérieur. La ville de Pompéi se transforme, les maisons italiques prennent une architecture et un apparat « à la grecque » avec des mosaïques au sol et des murs peints de fresques.

Il s’agira de montrer l’évolution de la peinture romaine dans le sud de la Gaule, de Cannes à Bordeaux, depuis son apparition jusqu’à l’époque antonine. Ces exemples seront confrontés aux « modèles » italiens, en particulier dans la perspective de l’assimilation et de l’interprétation des quatre styles pompéiens. Ainsi pourra-t-on constater la fidélité ou bien l’autonomie à l’égard de ces schémas décoratifs et ornementaux nés au centre du pouvoir (dans l’Urbs, Rome).
Parallèlement à cette évolution, l’exposition tentera de montrer, par la restitution d’une paroi peinte ainsi que par un film réalisé pour l’occasion, les techniques utilisées par l’artisan de l’Antiquité ainsi que les techniques de restauration contemporaines des décors peints.

Outre des fragments d’enduits peints conservés au musée Saint-Raymond, musée des Antiques de Toulouse, l’exposition bénéficie de prêts exceptionnels provenant, entre autres, de Pompéi et du Louvre.

 

Une grande première

L’exposition s’ouvrira sur deux pans de murs décorés d’une domus romaine : le travail de deux restauratrices, Aude Aussilloux  et Maud Mulliez. Durant sept mois, les deux fresquistes ont créé une décoration à fresque à partir de motifs qui auraient pu être utilisés dans l’Antiquité. Pour ce faire, elles ont elles-même fabriqué leurs outils et pinceaux et, il s’agit d’une grande première, se sont servi de pigments non synthétiques mais véritablement utilisés dans l’Antiquité.
Le cheminement et les techniques complexes ont été possibles après consultation des données scientifiques et des analyses des laboratoires spécialisés. L’évolution de cette réalisation unique est filmée en ce moment-même par GK Vision. La vidéo sera visible dans l’exposition ainsi que sur le site internet du MSR.

 

Communiqué de presse