Dossier : Les séchoirs électriques favorisent-ils la gastro-entérite ?

327

Les séchoirs électriques favorisent-ils la gastro-entérite ? Photo / CTI PA« Bien se laver les mains. » C’est le conseil le plus répété en cette période d’épidémies. Pour le moment, la grippe se fait attendre. Depuis début janvier, la gastroentérite est au-delà du seuil épidémique. Alors, se laver les mains, d’accord. Mais si l’important, pour éviter la contamination, c’était de « bien se sécher les mains » ?


Supermarchés, cinémas, restaurants…  Les lieux publics facilitent la propagation des virus hivernaux. Depuis début janvier, à Toulouse comme dans le reste de la France, les cas de gastroentérite se multiplient. Mais cette année, en plus de la prévention, une polémique s’impose. Les séchoirs à air pulsé et à air chaud, présents dans la plupart des toilettes publiques propageraient les virus. « Ce sont de véritables aérosols à microbes qu’on inhale à plein poumons » déplore Frédéric Saldmann, auteur de « On s’en lave les mains » et médecin hospitalier.

 

Des séchoirs antihygiéniques

Alors, les germes seraient-ils décuplés par les séchoirs électriques ? Une étude de l’université de Westminster démontre que leur utilisation multiplie les bactéries. Selon Keith Redway et Shameem Fawdar, en charge de la recherche,  « le séchage à air chaud  entraine une hausse de 254,5% des bactéries sur les mains et le séchage électrique de 14 ,9%. » En revanche, se sécher les mains avec une serviette diminue le nombre de bactéries de 76.8%.

Ces quinze derniers jours, 389 000 Français ont consulté leur docteur. Alors que la gastroentérite est largement arrivée à Toulouse, l’Inpes, Institut national de prévention et d’éducation pour la santé, estime que chaque année, le moitié des Français contracte cette maladie. Et les séchoirs à mains seraient une des causes de la propagation de cette épidémie. Pourtant, la direction générale de la Santé refuse de se saisir du sujet. « Pour nous, c’est un faux débat. Nous donnons des préconisations simples pour éviter la contagion. Au niveau du séchage, nous ne ferons pas de recommandations contre les machines à air pulsé. »

Mais, attention, tous les séchoirs électriques ne sont pas mis en cause. « Ceux qui propulsent de l’air sont très néfastes. Les microbes s’envolent avec l’air soufflé dans toute la pièce et entrent dans les poumons, par la bouche » décrit Frédéric Saldmann. Selon lui, les séchoirs « cuves » (par exemple les « airblades » développés par Dyson) dans lesquels on met les mains sont inoffensifs.

 

Le plus propre ? La serviette à usage unique

En Midi-Pyrénées, sur les quinze derniers jours, 91 cas de gastroentérites sur 100 000 habitants ont été déclarés. Bien en dessous du seuil épidémique des 283 cas pour 100 000. Mais le réseau de médecins généralistes Sentinelles maintient son niveau de vigilance.

En matière de prévention des germes et des virus, le mieux reste de s’essuyer les mains avec une serviette à usage unique. Les professionnels de la santé sont unanimes. L’Inpes explique qu’« en papier ou en tissu, si elle n’est utilisée qu’une fois, cela reste la meilleure solution ».

Seul reproche fait à cette technique de séchage, elle n’est pas écologique. Sophie Mahieu, de l’entreprise Dyson rejette les polémiques autour de leur produit, l’airblade. Elle indique que « L’airblade est à la fois hygiénique et écologique. La serviette à usage unique n’est pas profitable pour l’environnement. » Pour éviter la contagion, les conseils de grand-mère restent les plus efficaces… En attendant une décision concernant les séchoirs à air.

 

Pauline Amiel

 

 

Interview


Frédéric Saldmann, médecin hospitalier. Photo / Crédit Philippe Matsas, FlammarionTrois questions à Frédéric Saldmann, médecin hospitalier et auteur de « On s’en lave les mains »


Toulouse Infos : Que pensez-vous des séchages à air pulsé ?

Frédéric Saldmann : C’est pas compliqué, ils sont antihygiéniques ! Quand on se lave les mains, les germes qui restent sont envoyés dans l’air par ces séchoirs. Puis, nous, nous les avalons. Ils passent dans les poumons et dans la gorge. Mais il faut faire des différences entre les types de séchoirs. D’un côté, ceux qui soufflent de l’air sur les mains disséminent les germes. De l’autre, ceux dans lesquels on passe les mains ne posent pas de problème. L’air reste dans la cuve et ne balade pas les germes.

 

TI : Quelles sont les solutions pour ne pas multiplier les germes ?

FS : Surtout se laver les mains. Le plus souvent possible. Bien insister entre les doigts. Pour ce qui est du séchage, toujours préférer les serviettes à usage unique. Que ce soit en papier ou en tissu. Selon des études, 30% des infections respiratoires pourraient être évitées grâce à un lavage des mains fréquent.

Il faut éviter de se serrer la main. Dans l’idéal, on devrait faire comme les Asiatiques, s’incliner en joignant les deux mains.

 

TI : Que risque-t-on en ne respectant pas ces mesures d’hygiène ?

FS : On risque, en ce moment, la gastroentérite ou la grippe. Mais peu de gens savent qu’avoir les mains sales, c’est aussi risquer un ulcère gastrique ! Dans les centres hospitaliers, il faut absolument prévenir des maladies nosocomiales.

 

Propos recueillis par Pauline Amiel