A Toulouse, les salariés de Sanofi « ne lâcheront rien »

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Les révoltés de Sanofi s’étaient donnés rendez-vous jeudi midi devant la station de métro Jean Jaurès. Depuis l’annonce de la restructuration du site toulousain en juillet dernier, une manifestation hebdomadaire est organisée. Immersion au cœur d’une indignation bouillante qui ne faiblit pas.

 

Sous les pancartes, une marée de blouses blanches en colère. Réunie sur l’esplanade François Mitterrand, ils étaient près de 150 salariés à protester contre le plan social initié par la direction du groupe. Des messages de détresse et d’exaspération, échos brulants d’une menace qui plane désormais sur 640 emplois. Certains s’adressaient directement au président du groupe Chris Viehbacher, qui reproche au site « un manque de productivité ». Des propos qui font bondir Marc Salomé, ancien coordinateur du centre de recherche, aujourd’hui à la retraite. « C’est le laboratoire de Toulouse qui a créé l’anticoagulant Plavix, qui a fait une bonne partie de la fortune de Sanofi et continue de le faire. Nous n’avons aucune leçon de productivité à recevoir. Ni du laboratoire GlaxoSmithKline, ni du voyou raté qu’est Monsieur Viehbacher. Et là, je reste poli ». Nathalie Hasel, responsable au laboratoire, ne mâche elle aussi pas ses mots. « L’entreprise entend fermer notre centre de recherche alors qu’elle réalise neuf milliards de bénéfice. Ces procédés, dictés une fois de plus par des questions financières, sont contraires à l’éthique. Ce laminage des gens est profondément scandaleux ». Chez Sanofi, ou « Sanofric » comme ironisaient hier nombre d’écriteaux, le climat reste donc électrique.

 

« Nous ne lâcherons rien »

Galvanisée de percussions claquantes et sourdes, la ronde protestante a martelé le slogan. Ne pas céder un millimètre de terrain. « Nous sommes un site historique du groupe. Nous voulons continuer la recherche contre les cancers, les maladies infectieuses. Ce sont nos spécialités et ce qui fait notre identité » affirme Gérard Falquet, délégué syndical CGT de Sanofi Toulouse. « La direction peut bien persister. Nous aussi, nous ne lâcherons rien » tranche t-il. Pour Marc Salomé, cette série de manifestations va bien au-delà du contexte spécifique de Sanofi. « Si nous n’arrivons pas à élever le débat pour en faire une question de société, nous échouerons. Comme d’autres industries, Sanofi est stratégique pour la réponse aux besoins du peuple. Il faut défendre la propriété capitalistique et intellectuelle de notre nation et de l’Europe. Ce sont tous les français chercheurs, inventeurs, trouveurs qui sont méprisés aujourd’hui. Il faut permettre une prise de conscience collective ». Jeudi prochain, une autre manifestation poursuivra le travail de sensibilisation. Car les salariés de Sanofi ne sont visiblement pas prêts d’avaler la pilule.

 

Christophe Guerra